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Année 80, no 19       le 16 mai 2016

 

Un livre des Cinq Cubains est une puissante inculpation de la « justice » capitaliste

 
BETSEY STONE
The Cuban Five Talk About Their Lives Within the US Working Class: « It’s the Poor Who Face the Savagery of the US ‘Justice’ System. » [Les Cinq Cubains parlent de leur vie au sein la classe ouvrière aux États-Unis : « Ce sont les pauvres qui font face à la sauvagerie du système de « justice » des États-Unis] 135 pages. Éditions Pathfinder, 2016.

OAKLAND, Californie — « Le livre était génial ! Comment les Cinq Cubains ont été en mesure de transformer la prison en une expérience d’apprentissage et d’en sortir plus fort ! c’est vraiment instructif et inspirant, » m’a dit Watani Stiner après avoir lu The Cuban Five Talk About Their Lives Within the US Working Class: « It’s the Poor Who Face the Savagery of the US ‘Justice ’ System. » Watani Stiner est un militant pour les droits des Noirs qui a été victime d’un coup monté dans les années 1960 et qui a récemment été libéré de la prison de San Quentin.

Le livre, qui est une interview par des dirigeants du Parti socialiste des travailleurs, Mary-Alice Waters et Róger Calero, avec cinq révolutionnaires qui ont passé 16 ans dans les prisons aux États-Unis, est une puissante condamnation de l’incarcération de masse aux États-Unis. Comme Watini Stiner le souligne, c’est un livre sur la résistance, y compris la main de solidarité que les cinq ont tendue à leurs camarades prisonniers et le soutien qu’ils ont reçu en retour. Et avant tout, il brosse un portrait des valeurs et du caractère humain qui sont le produit de la révolution cubaine.

Les Cinq Cubains, Gerardo Hernández, Ramón Labañino, Antonio Guerrero, Fernando González et René González, sont tous devenus révolutionnaires en grandissant à Cuba, où les travailleurs et les paysans ont renversé la domination capitaliste en 1959, dans un mouvement massif basé sur la solidarité et l’internationalisme.

Ils ont fait l’objet d’un coup monté par le FBI en septembre 1998, lorsqu’ils cherchaient à surveiller les groupes cubains contre-révolutionnaires en Floride pour empêcher des attentats violents contre Cuba. À partir de ce moment jusqu’en décembre 2014, lorsque les trois derniers ont été libérés, les Cinq ont été soumis à un grand nombre des cruautés qu’ils décrivent dans le livre.

Un « microcosme » de la société capitaliste
Les prisons américaines sont un « microcosme » du capitalisme, un système basé sur le chacun pour soi, dit Gerardo Hernández dans l’interview. C’est un endroit qui favorise la violence, les gangs et le racisme, où « la voie vers la réhabilitation n’existe pas. »

« Le système de justice américain [est] utilisé par le gouvernement américain pour permettre à une minorité puissante de contrôler une grande majorité, dit Ramón Labañino. Une personne qui est pauvre, qu’elle soit un Noir, un Latino, un Indien d’Amérique, ou un blanc, fait face à l’énorme sauvagerie de ce qu’on appelle la justice américaine. Celle-ci sert avant tout à soutenir un système qui n’offre aucune solution pour les pauvres, présents ou futurs. »

Les Cinq ne minimisent pas ce que Ramón Labañino appelle la « mentalité brutale » d’un grand nombre de ceux avec qui ils ont vécu, un produit des valeurs qui imprègnent la société capitaliste dans son ensemble. Mais le livre est rempli d’exemples d’actes de solidarité, d’aide et de respect que les Cinq ont offerts à leurs confrères prisonniers et d’exemples du respect et du soutien qu’ils ont reçu en retour.

Gerardo Hernández a raconté que quand les prisonniers américains africains apprenaient que Cuba avait soutenu des luttes de libération en Afrique, ils lui demandaient : « En as-tu fait partie ? » Quand il leur répondait qu’il avait combattu en Angola contre le régime d’apartheid sud-africain, tout comme l’ont fait Fernando González et René González, ils lui offraient leur appui.

Ramón Labañino dit que quand il a reçu le livre Cuba and Angola [Cuba et l’Angola], ce dernier a fait sensation. De nombreux prisonniers « ne savaient pas que des volontaires cubains avaient été en Angola pendant seize ans pour défendre la souveraineté de ce pays contre l’Afrique du Sud. Le système de désinformation aux États-Unis efface l’histoire, a-t-il dit. Les livres de Malcolm X que j’avais partaient comme des petits pains chauds. »

Ce qui est possible avec une révolution
Dans un chapitre, les Cinq Cubains parlent des Cubains qu’ils ont appris à connaître dans les prisons américaines, dont certains qui avaient aussi passé du temps derrière les barreaux à Cuba. Il y a moins de ressources matérielles à Cuba, mais les prisonniers y ont accès à l’éducation, aux visites conjugales, aux laissez-passer pour être avec leur famille, et les femmes détenues peuvent rester avec leurs nouveau-nés.

« Ce que les Cinq Cubains disent à propos de l’incarcération à Cuba m’inspire, » m’a dit Anita Wills, qui milite contre les meurtres aux mains de la police et dont le fils est en prison. « Les prisons là-bas ne sont pas déshumanisantes. Ça montre ce qui est possible avec une révolution. »

« À Cuba, un prisonnier est un autre être humain, » a dit Ramón Labañino. Aux États-Unis, les prisonniers sont traités comme des ennemis, tout comme les flics voient les gens comme des ennemis. « Si vous ne comprenez pas cela, a-t-il dit, vous ne comprendrez pas « pourquoi les policiers agissent comme ils l’ont fait à Ferguson, dans le Missouri, [en 2014]. Pourquoi il n’y a pas de solution au sein de ce système. »

Le livre comprend quelque 40 photos. Il met en lumière des faits qui montrent l’étendue de l’incarcération de masse aux États-Unis. Il explique pourquoi le gouvernement cubain s’oppose à la peine de mort et pourquoi les condamnations à la réclusion à perpétuité sont rares à Cuba. La révolution cubaine a toujours été « inspirée par un esprit de justice et non de vengeance, » affirme le président Raúl Castro.

Dans le comportement des Cinq Cubains, les lecteurs trouveront des leçons d’une grande valeur pour n’importe quel combattant de la classe ouvrière, des exemples de leurs courage, humour, dignité et discipline, de la façon dont ils sont restés fidèles à leurs idées et les ont partagées tout en respectant les opinions de ceux qui étaient en désaccord.

En dépit d’avoir été séparés pendant de nombreuses années dans différentes prisons, chacun a agi de la même manière, menant une lutte mondiale pour gagner leur liberté et sortir plus fort de la prison. Comment cela a-t-il été possible ? Par la révolution cubaine elle-même, la conscience politique et les valeurs qu’ils ont apprises en grandissant.

« Avoir passé dix-sept mois dans le trou, seize ans en prison et créer des peintures qui ne contiennent pas une once de haine […] c’est un produit de la façon dont nous avons été éduqués comme révolutionnaires, » a dit Antonio Guerrero dans une conférence avec des étudiants de l’université des sciences et des techniques de la Havane, reproduite dans le livre.

« Rien de ce qui s’est passé n’est en rapport avec nous en tant qu’individus, » a-t-il dit aux étudiants. « La stature que nous avons acquise représente la résistance de notre peuple. »

Leurs convictions révolutionnaires ont été renforcées par ce qu’ils ont appris des prisonniers du Salvador, du Mexique et d’autres pays au sujet de ce à quoi les travailleurs font face aujourd’hui avec la crise économique capitaliste qui s’approfondit, une crise qui a contribué à générer une croissance du commerce de la drogue, de la violence et de la répression.

« Nous en sommes venus à connaître les problèmes de nombreux endroits dans le monde entier, » a dit Gerardo Hernández. Grâce à la « machine publicitaire de l’empire, » certains pensent que « le capitalisme est une maison avec deux voitures et une piscine. Qu’Haïti n’est pas le capitalisme. L’Amérique centrale n’est pas le capitalisme. Les quartiers pauvres des États-Unis ne sont pas le capitalisme. Le capitalisme est tout ce qui leur convient de montrer ! »

Les actions de ces cinq représentants de la révolution cubaine, avant, pendant et après leur temps passé au sein de la classe ouvrière U.S. fournissent la preuve qu’il est possible de construire un monde où les brutalités qu’ils décrivent n’existeront pas.

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