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Année 80, no 4      le 1er février 2016

 

La bataille s’intensifie au Canada pour empêcher l’expulsion d’un réfugié

 
MICHEL PRAIRIE
MONTRÉAL — « Parce que Mohamed a épuisé tous les recours juridiques, la campagne lancée par le Comité Justice pour Mohamed Harkat est le dernier moyen dont nous disposons pour empêcher son expulsion, » a dit, le 8 janvier, Sophie Lamarche Harkat, son épouse et une dirigeante du comité, lors d’un Forum ouvrier du Militant auquel elle s’adressait depuis Ottawa via Skype.

En décembre, le comité a annoncé une campagne pour obtenir 1 000 lettres qui exigent l’abandon des procédures de déportation contre Mohamed Harkat par le premier ministre Justin Trudeau du Parti libéral nouvellement élu. Le gouvernement conservateur sortant de Stephen Harper a décidé en août dernier d’expulser ce réfugié algérien qui vit au Canada depuis 20 ans. Amnistie Internationale Canada affirme que Mohamed Harkat risque la torture et la mort s’il est renvoyé en Algérie.

La Cour suprême du Canada a jugé en mai 2014 que le gouvernement fédéral peut utiliser des preuves secrètes jamais présentées devant un tribunal pour expulser des résidents permanents et d’autres non-citoyens déclarés être une menace pour la « sécurité nationale » ou soupçonnés d’activités criminelles.

Mohamed Harkat est venu au Canada en 1995 et vit à Ottawa. Il a reçu le statut de réfugié en 1997 et travaillait comme chauffeur-livreur de pizza et pompiste. Sous les lois des « certificats de sécurité » du pays, il a été arrêté en 2002 et a passé quatre ans en prison après que le Service canadien du renseignement de sécurité l’a accusé d’être un « agent dormant » d’Al-Qaïda. Mohamed Harkat, qui nie les accusations, vit sous diverses formes d’assignation à résidence depuis 2006.

Au fil des ans, le cas de Mohamed Harkat est devenu une cause célèbre. Son combat est arrivé deux fois devant la Cour suprême du Canada, qui a obligé le gouvernement fédéral à faire des ajustements mineurs aux lois des certificats de sécurité en 2008. Plus de 6 000 personnes et organisations ont signé une déclaration contre l’utilisation de ces certificats par le gouvernement, y compris le Congrès du travail du Canada et des dizaines de syndicats importants.

Sophie Harkat a décrit comment les gens arrêtent son mari dans la rue pour lui souhaiter bonne chance, ne sachant pas que ses conditions de mise en liberté surveillée lui interdisent de s’adresser à une personne n’ayant pas été approuvée au préalable par l’Agence des services frontaliers du Canada, qui gère sa liberté surveillée.

« Mohamed est maintenant une personnalité connue. Au fil des années, il a respecté toutes ses conditions de liberté surveillée et même le Service canadien du renseignement de sécurité affirme qu’il présente une menace moins importante que ce qu’ils pensaient initialement, » a-t-elle expliqué.

Des certificats de sécurité émis contre des individus « qui ne sont pas des menaces et qui n’ont jamais pratiqué ou soutenu la violence » ont été abandonnés dans le passé, a écrit Barbara Jackman, l’avocate principale de Mohamed Harkat, dans un message à la réunion.

« Cet effort est au premier rang des protestations contre les attaques visant les musulmans et les mosquées au Canada, » a dit John Steele au forum, au nom de la Ligue communiste.

Des informations sur ce combat se trouvent à http://www.justiceforharkat.com/news.php. On peut aussi y envoyer des messages de soutien et des dons.

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