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Année 79, no 29      le 17 août 2015

 
Une famille de Calgary exige une enquête
sur la mort d’un jeune autochtone

 
KATY LEROUGETEL
CALGARY, Alberta — « Nous n’arrêterons pas tant que nous n’aurons pas de réponses, » a dit Tanya Crowshoe, la tante de Colton Crowshoe, qui a été retrouvé mort dans un étang le 24 juillet 2014, trois semaines après que sa famille a signalé sa disparition. Tanya Crowshoe parlait au cours d’une commémoration, qui a eu lieu ici, pour marquer le premier anniversaire de la mort de son neveu, qu’une autopsie faite alors par la police avait classée comme homicide, et pour exiger que la police poursuive l’enquête sur ce meurtre.

Leur combat fait partie de la lutte que les peuples autochtones mènent actuellement à travers le Canada contre la discrimination.

Colton Crowshoe, âgé de 18 ans, qui venait de terminer l’école secondaire et suivait une formation de soudeur, a été arrêté et accusé d’intrusion et d’introduction par effraction, le 2 juillet 2014, puis relâché le même jour. Sa famille a dit aux medias que Colton leur avait dit qu’il avait été tabassé par les flics. Quelques jours plus tard, sa famille a signalé sa disparition. Son corps a été retrouvé trois semaines plus tard dans un bassin de drainage de la ville.

En plus des tantes de Colton, qui ont aidé à l’élever, son père Jimmy Crowshoe a pris la parole au cours de l’événement et a condamné le gouvernement pour ne pas les avoir pris au sérieux lorsqu’ils ont signalé la disparition de Colton.

« Ils l’ont jugé. Il était juste un adolescent autochtone de plus, a dit Tanya Crowshoe. Ils ont dit : « Il ne veut pas être retrouvé. » La police a attendu presque trois semaines avant d’émettre un rapport de personne disparue.

Jimmy Crowshoe a dit au Militant que son père était un survivant des pensionnats auxquels ont été soumis un bon nombre de jeunes aborigènes pendant des décennies. Il a décrit la situation des jeunes autochtones aujourd’hui : « Il n’y a pas d’emploi dans les réserves. » En 2011, seulement 35 pour cent des résidents des réserves autochtones âgés de plus de 15 ans avaient un emploi.

Au moins 60 pour cent des Autochtones du Canada vivent hors des réserves et font face à un taux de chômage disproportionné. Ils ont été particulièrement touchés par les pertes d’emplois massives suite à la récession qui a débuté en 2008. Dans la province d’Alberta, où le taux d’emploi global est élevé, un jeune autochtone sur deux est au chômage.

Une discrimination systématique est évidente dans tous les aspects de la vie. Les peuples autochtones représentent 4 pour cent de la population canadienne mais plus de 23 pour cent de la population carcérale fédérale. Selon la Gendarmerie royale du Canada, 1 017 femmes et jeunes filles autochtones ont été assassinées entre 1980 et 2012, soit environ quatre fois et demie le taux d’homicide de toutes les autres femmes au Canada. Le gouvernement fédéral a jusqu’à présent résisté aux nombreux appels pour enquêter sur cela.

Les mauvais traitements dans les pensionnats

En juin, la Commission de vérité et réconciliation du Canada, créée en 2008 par une exigence de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens, le plus important règlement de plainte collective de l’histoire du Canada, a publié un rapport qualifiant le système des pensionnats de « partie intégrante d’une politique délibérée de génocide culturel. »

La commission a entendu 6 750 témoignages de survivants des pensionnats, de leurs familles et du personnel de l’école à travers le pays. Environ 150 000 jeunes autochtones sont allés dans ces écoles entre 1883 et 1996. Selon une estimation conservatrice, 6 000 sont morts en raison des conditions insalubres, de négligence et d’abus.

Sam Kautainuk avait 12 ans quand il a été emmené dans le pensionnat de ce qui est maintenant Nunavut. Il a dit à la Commission de vérité et réconciliation que lors de son premier jour d’école à Pangnirtung, lorsque le professeur l’a entendu parler à un ami en inuktitut, « il a pris une règle et a attrapé ma tête comme ça, et puis il m’a frappé dans la bouche avec la règle quatre fois. »

Beaucoup ont témoigné qu’ils ne recevaient pas assez à manger dans les écoles. « J’avais toujours faim, » a dit Doris Young à la commission. Celle-ci a fréquenté les écoles anglicanes dans les Prairies. « Et nous avons volé la nourriture. Je me souviens d’avoir volé du pain. Et les tartes que je me souviens avoir volées étaient alignées sur un comptoir, et elles n’étaient pas pour nous, elles étaient pour le personnel. »

La lutte qui a fait connaître cette histoire et les luttes en cours comme celle de la famille Crowshoe renforcent la capacité des travailleurs à faire des progrès contre les politiques discriminatoires de division des dirigeants.

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