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Volume 78, no 39      le 3 novembre 2014

 

Les Kurdes repoussent l’État islamique
dans la bataille de Kobané
 

BRIAN WILLIAMS
Malgré leur infériorité en nombre et en armes, les combattants kurdes à Kobané en Syrie défendent leur ville depuis plus d’un mois contre une grande offensive des forces de l’État islamique. La semaine dernière, les hommes et les femmes kurdes qui sont armés ont contraint les réactionnaires à se retirer de certaines positions dans la ville.

Les capacités dont ont fait preuve les Kurdes ont non seulement surpris l’État islamique et les autres jihadistes salafistes avec qui ils sont en guerre, ils ont démenti tous les pronostics de ceux qui s’opposent à leur lutte pour la souveraineté et les droits nationaux, y compris le régime de Bachar Al-Assad en Syrie, les gouvernements capitalistes à Ankara, Téhéran et Bagdad ainsi que les principales puissances mondiales impérialistes menées par Washington. En même temps, la bataille héroïque pour Kobané a inspiré non seulement des millions de Kurdes, mais aussi des travailleurs, des agriculteurs et des femmes dans toute la région et au-delà.

Le 15 septembre, l’État islamique, qui a pris le contrôle d’une grande partie de la Syrie et de l’ouest de l’Irak, a commencé son avancée sur Kobané, une ville dans le nord de la Syrie le long de la frontière avec la Turquie. Trois fois plus nombreux que les forces kurdes et disposant de chars et d’artillerie lourde, les réactionnaires ont pris le contrôle d’environ le tiers de Kobané. Mais le 16 octobre, des médias importants ont rapporté que les Unités pour la protection du peuple kurde (YPG) dans la ville avaient non seulement bloqué la progression de l’État islamique, mais l’avaient contraint à effectuer une retraite partielle.

Pendant au moins un mois, les déclarations de représentants gouvernementaux et les commentaires des médias aux États-Unis étaient saturés d’une indifférence fataliste sur la présumée chute imminente de Kobané, le massacre de civils kurdes à venir et l’insignifiance stratégique de la ville pour l’effort de guerre mené par les États-Unis. Pendant ce temps, des troupes turques se rassemblaient sur les collines surplombant la ville assiégée. Et alors que Kobané était entourée par l’État islamique sur trois côtés, Ankara a bouclé sa frontière, barrant le seul corridor pour l’entrée des renforts, des armes et des munitions, dont les combattants kurdes avaient besoin de façon urgente.

Mais avec le temps, le monde s’est mis à regarder et les Kurdes se sont gagné la sympathie et le respect. Washington a également reconnu l’opportunité qui lui était offerte de porter des coups contre l’État islamique et a commencé à agir en conséquence. L’État islamique avait concentré quelque 10 000 combattants et de l’artillerie lourde autour de Kobané, en étirant démesurément ses forces et ses lignes d’approvisionnement. Au 19 octobre, plus de 135 frappes aériennes US avaient été menées dans la région selon le Commandement central, davantage que dans toute autre région de la Syrie ou de l’Irak.

Puis le 19 octobre des avions US C-130 ont effectué des largages sur Kobané. « Les avions ont livré des armes, des munitions et du matériel médical qui ont été fournis par les autorités kurdes en Irak, » a déclaré un communiqué de presse du Commandement central US. Même si l’aide était limitée et qu’une partie est accidentellement tombée en territoire contrôlé par l’État islamique, cette mesure représentait les premières livraisons reçues par les combattants kurdes en Syrie, qui sont à court de ressources. En même temps, le communiqué militaire des États-Unis a ajouté que « Kobané pourrait toujours tomber. »

Le lendemain, lors d’une visite en Indonésie, le secrétaire d’État John Kerry a déclaré aux journalistes que les largages militaires ne représentaient pas un changement dans la politique US. C’était un « effort momentané, » a-t-il souligné.

Les YPG en Syrie sont liées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui est désignée « organisation terroriste étrangère » par le département d’État US depuis que la liste a été dressée pour la première fois en 1997. Jusqu’à un cessez-le-feu l’an dernier, le PKK avait combattu le gouvernement turc dans une lutte armée depuis trois décennies pour les droits des Kurdes et une plus grande autonomie. Jusqu’à présent, quelques armes et un entraînement limités à l’armée des Peshmergas du gouvernement régional kurde en Irak ont été l’unique aide fournie par Washington aux forces kurdes.

Quelques heures après les largages US, le gouvernement turc a annoncé que les forces peshmerga du nord de l’Irak seraient désormais autorisées à traverser la Turquie pour rejoindre la bataille pour Kobané.

Les femmes kurdes dirigent des unités de combat
Les vainqueurs impérialistes de la première guerre mondiale ont refusé un pays au peuple kurde lorsqu’ils ont découpé le Moyen-Orient. Aujourd’hui, cette nationalité opprimée comprend quelque 30 millions de personnes dans une région qui s’étend sur des parties de la Turquie, de la Syrie, de l’Irak et de l’Iran. Leur lutte, qui dure depuis des décennies, a ouvert un espace pour les masses laborieuses et les femmes dans la région, ce que reflète de manière évidente la proportion importante de combattants kurdes qui sont des femmes.

De plus en plus d’articles ont reconnu cette particularité des unités kurdes à mesure que se déroule leur combat contre l’État islamique, affichant des titres comme « Rencontrez les femmes dures à cuire qui combattent l’État islamique, » dans Foreign Policy, et « Ces femmes remarquables qui se battent contre l’ÉI. Il est temps pour vous de les connaître, » dans la revue de mode féminine Marie Claire. Le 17 octobre, le Wall Street Journal a publié à la une un important article intitulé « Les femmes kurdes se battent sur les lignes de front contre l’État islamique. » On estime qu’un tiers des combattants kurdes syriens en Syrie sont des femmes et qu’une proportion plus élevée sont des commandantes qui dirigent les femmes et les hommes au combat.

« Quand je me promène avec mon fusil, les hommes autour de moi qui ne se sont pas portés volontaires baissent les yeux, » a déclaré au Journal une jeune femme de 19 ans nommée Dilar, qui est récemment retournée dans son village après avoir combattu l’État islamique près de la ville de Ras al-Ayn, le long de la frontière turque. « Ma bravoure leur fait honte. »

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