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Volume 78, no 38      le 27 octobre 2014

 

« L’armée des blouses blanches »
de Cuba dirige la lutte contre l’Ebola
 

SETH GALINSKY
Une « armée de blouses blanches » venant de Cuba dirige la lutte contre l’Ebola en Afrique de l’Ouest. Son exemple de solidarité internationaliste attire l’attention à travers le monde et remet en question les valeurs de la société capitaliste.

Le gouvernement révolutionnaire de Cuba a sélectionné 461 médecins et infirmiers parmi plus de 15 000 volontaires pour aller en Sierra Leone, au Liberia et en Guinée afin de sauver des vies et combattre l’épidémie mortelle. Les 165 membres du premier contingent sont arrivés en Sierra Leone le 2 octobre.

« La bataille se livre ici, » a déclaré à la presse un travailleur cubain de la santé à sa descente de l’avion.

Lors d’une cérémonie de bienvenue à laquelle assistaient le président de la Sierra Leone Ernest Koroma ainsi que d’autres représentants gouvernementaux, l’ambassadeur cubain Jorge Lefebre Nicolás a déclaré que les volontaires resteront « aussi longtemps qu’il le faudra pour enrayer la maladie. »

Deux jours plus tard, une équipe de reconnaissance est arrivée au Liberia afin de préparer le terrain pour la venue de 50 médecins et infirmiers cubains.

Le contingent médical cubain qui combat l’Ebola est beaucoup plus nombreux que celui de n’importe quel autre pays au monde.

L’ampleur et le caractère décisif de l’aide apportée par Cuba ont stupéfié la presse du grand patronat aux États-Unis.

« Les médecins cubains sont à l’avant-garde de la bataille contre l’Ebola en Afrique, » a indiqué un gros titre à la une du Wall Street Journal le 9 octobre. Les Nations unies « ont lancé des appels à l’aide pour dépêcher des médecins et des infirmiers vers l’Afrique de l’Ouest, où des milliers de vies sont en jeu, signale le journal. Peu ont répondu à l’appel, mais un pays a réagi avec force : Cuba. »

« En matière d’assistance médicale contre l’Ebola, Cuba boxe bien au-dessus de sa catégorie, » a titré le Washington Post, le 4 octobre.

L’aide de Cuba est le contraire de la charité. Les Cubains sont motivés par un profond sentiment de solidarité qui découle des valeurs morales de leur révolution, qui a porté les travailleurs et les agriculteurs au pouvoir. Depuis les premiers jours de la révolution qui en 1959 a renversé la dictature de Fulgencio Batista, soutenue par le gouvernement des États-Unis, les travailleurs cubains tirent leur fierté d’une politique extérieure guidée par l’internationalisme prolétarien — depuis l’assistance médicale à l’aide militaire aux mouvements de libération à travers le monde.

La lutte contre l’Ebola « est menée selon le principe que nous ne donnons pas ce que nous avons de trop, nous partageons ce que nous avons, » a affirmé le ministre de la Santé publique de Cuba Roberto Morales lors d’une conférence de presse le 12 septembre à Genève pour présenter les intentions de Cuba.

4 000 volontaires cubains en Afrique

Même avant l’arrivée des renforts pour lutter contre le virus Ebola, Cuba avait plus de 4 000 travailleurs de la santé dans 32 pays africains.

La propagation du virus Ebola en Afrique de l’Ouest est en grande partie une conséquence du sous-développement économique et social. Le Liberia ne compte que 51 médecins pour ses 4,3 millions d’habitants et un lit d’hôpital pour cinq victimes de l’Ebola. La Sierra Leone a seulement 120 médecins pour 6 millions d’habitants. La Guinée, avec 1,2 millions d’habitants, dispose de 120 médecins.

L’afflux massif de cas d’Ebola a débordé les cliniques et les hôpitaux existants, paralysant souvent les traitements médicaux d’autres maladies comme le choléra, le paludisme, la tuberculose et le sida, qui sont épidémiques en Afrique sub-saharienne.

Les pénuries d’équipements de protection et le manque d’installations sanitaires et de systèmes d’évacuation des eaux usées adéquats sont très répandus. Et une combinaison de fermetures de frontières, de la mise en quarantaine de quartiers ouvriers et des ravages de la maladie dans les zones agricoles a commencé à provoquer des pénuries alimentaires. En Sierra Leone, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture estime que jusqu’à 40 pour cent des exploitations agricoles dans les zones les plus touchées par le virus Ebola ont été abandonnées.

Alors que Médecins Sans Frontières, une organisation basée en France, a quelque 250 travailleurs internationaux de la santé en Afrique de l’Ouest, les gouvernements avec les plus grandes ressources ont envoyé très peu de personnel médical.

La Chine a 23 travailleurs de la santé dans une unité de traitement d’Ebola et un laboratoire d’analyse de sang au Libéria et dit qu’elle en enverra 170 de plus. Le Japon enverra 40 millions de dollars mais pas de personnel. Le gouvernement français prévoit que 15 travailleurs médicaux français gèreront une clinique de 50 lits en Guinée. Washington envoie 4 000 soldats pour, dit-il, construire des cliniques, mais pas de médecins ou d’infirmiers pour les faire fonctionner. Londres enverra 750 personnes pour construire des cliniques au Libéria et en Sierra Leone, mais « ce n’est pas clair quel personnel fera fonctionner les cliniques, » a rapporté le Journal.

Le nombre de nouveaux cas d’Ebola continue à augmenter de façon exponentielle, doublant environ toutes les trois à quatre semaines. Au 8 octobre, l’Organisation mondiale de la santé a signalé qu’il y a eu 8 399 cas d’Ebola et plus de 4 000 morts depuis le début de l’épidémie.

Pendant ce temps, les investisseurs US réfléchissent à quelles actions acheter et lesquelles vendre pour tirer profit de la crise. Dans Marketwatch.com du 13 octobre, Nigam Arora avertit ses lecteurs que l’achat « d’actions Ebola » des sociétés qui développent des médicaments pour traiter ou prévenir la maladie est « un mauvais investissement car même si on trouve un médicament efficace, après la constitution initiale des stocks, la taille du marché est limitée. » Si on investit dans des équipements de protection personnelle, dit-il, il vaut mieux s’en tenir à « des marques bien connues. »

Dans une chronique de Fidel Castro publiée dans le Granma du 7 octobre, le dirigeant révolutionnaire cubain déclare : « L’action héroïque de l’armée des blouses blanches occupera une des places d’honneur les plus élevées. »

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