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Volume 78, no 5      le 10 février 2014

 

Les Cinq Cubains : Qui ils sont
 

MARY-ALICE WATERS
Les 15 aquarelles, très fortes, reproduites dans ces pages ne sont pas l’œuvre d’un peintre qui a fréquenté une école d’art ou étudié aux côtés d’un artiste de renom. Antonio Guerrero a appris à dessiner et à peindre pendant son incarcération au pénitencier américain à Florence, dans le Colorado. Ses codétenus lui ont donné des leçons et il s’est instruit à l’aide de livres.

Les moments de la vie carcérale enregistrés — et transformés — par son art toucheront une corde sensible chez des millions de travailleurs aux États-Unis qui ont eux-mêmes vécu des expériences similaires ou les connaissent à travers les épreuves de leurs proches, leurs amis et voisins. Les États-Unis, avec plus de 2,2 millions d’hommes et de femmes derrière les barreaux aujourd’hui, ont le taux d’incarcération le plus élevé de tous les pays du monde. Ce système de « justice » capitaliste, organisé pour déshumaniser et briser les détenus tout comme leurs familles, est dépeint dans ces oeuvres.

Mais surtout, ce qui ressort de ces peintures d’Antonio Guerrero et des commentaires qui les accompagnent écrits par ses frères de lutte, Gerardo Hernández et Ramón Labañino, est la créativité et l’humour avec lesquels eux et d’autres résistent.

Antonio, Gerardo et Ramón ainsi que Fernando González et René González, sont connus de millions de gens dans le monde entier comme les Cinq Cubains. Ils vivaient et travaillaient dans le sud de la Floride en 1998 au moment où chacun d’entre eux a été arrêté par la police fédérale des États-Unis lors de descentes coordonnées avant l’aube.

Quelles étaient leurs prétendues activités criminelles ?

Ils recueillaient des renseignements sur les projets et les actions des organisations contrerévolutionnaires cubano-américaines y compris les groupes paramilitaires qui opèrent en toute impunité sur le sol américain. Ces groupes et les individus qui en font partie perpètrent depuis un demi-siècle des attentats à la bombe, des assassinats et d’autres attaques contre des Cubains et des partisans de la révolution cubaine sur l’île, aux États-Unis, à Porto Rico, au Venezuela, au Panama et ailleurs. Depuis 1959, près de 3 500 Cubains ont été tués au cours de telles attaques, dont la plupart ont été organisées à partir des États- Unis. La tâche des Cinq était de tenir le gouvernement cubain informé des opérations meurtrières en cours de préparation afin d’empêcher le plus grand nombre possible de ces opérations d’aboutir.

La tête haute, ils ont été condamnés par le juge aux peines maximales, allant de 15 ans pour René González, à une peine de prison à vie sans liberté conditionnelle pour Antonio Guerrero et Ramón Labañino, et à une double peine de prison à vie pour Gerardo Hernández, qui a dirigé ces actions. Une cour d’appel fédérale a annulé les condamnations en 2005 puis les a rétablies un an plus tard.

En 2008, suite à un jugement qui statuait que les peines infligées à trois des cinq — Antonio Guerrero, Ramón Labanino et Fernando Gonzalez — allaient au-delà des recommandations fédérales, la peine de Guerrero, la perpétuité sans libération conditionnelle, a été réduite à 21 ans et 10 mois de prison. S’il devait servir toute sa peine de prison, il ne serait pas libéré avant septembre 2017.

Les réductions de peine sont le reflet des pressions sur le gouvernement des États-Unis qui, internationalement, condamnent de plus en plus le procès et la longueur des peines de prison imposées aux Cinq Cubains. En 2009, au cours d’une audience du tribunal où Guerrero a reçu sa nouvelle condamnation, les procureurs fédéraux ont reconnu qu’ils cherchaient à « calmer la controverse » et le « bruit » entourant l’affaire dans le monde entier.

En mai 2013, René González a été le premier des Cinq à retourner à Cuba, après avoir purgé toute sa sentence — plus de 14 ans et demi aux mains des autorités U.S. Fernando González aura terminé sa peine de prison en février 2014. Cependant, tant qu’un seul de leurs frères reste derrière les barreaux, aucun d’entre eux n’est « libre ».

Pourquoi les Cinq Cubains ont-ils été mis en prison, ne serait-ce qu’un seul jour ? Parce qu’ils sont des fils exemplaires de la révolution cubaine, les fils des hommes et des femmes qui ont donné naissance et défendent « le premier territoire libre des Amériques. » Ils sont des otages servant à punir l’audace des travailleurs cubains qui ont osé faire une révolution socialiste dans ce qui était autrefois un protectorat colonial des États-Unis — hommes et femmes qui jusqu’à ce jour refusent de se plier aux diktats de Washington.

L’intégrité, la dignité, le courage, la sincérité — et l’humour — inflexibles de chacun des Cinq, ainsi que la connaissance de plus en plus répandue, de Cuba à l’Angola jusqu’aux cellules des prisons des États-Unis, de la cohérence de leur conduite révolutionnaire, leur apportent un soutien croissant. Il leur confère l’admiration et le soutien de milliers d’artistes, de députés et de chefs religieux, de travailleurs, d’agriculteurs et de jeunes sur tous les continents ainsi que d’autres détenus.

Pour ceux qui veulent savoir « Qui sont les Cinq Cubains ? » Il n’y a pas de meilleur endroit pour commencer que le témoignage éloquent de Je mourrai comme j’ai vécu. Il n’y a qu’une courte distance à parcourir pour faire partie de ce que Gerardo Hernández a appelé le « jury des millions » qui les libérera.

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