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Volume 77, no 36      le 14 octobre 2013


Le Militant lutte contre la saisie d’un numéro
par les autorités pénitentiaires de Floride
 

JOHN STUDER
Le Militant se bat contre la décision des fonctionnaires de l’Institut correctionnel Santa Rosa à Milton en Floride de confisquer l’un de ses numéros envoyés aux détenus abonnés à l’hebdomadaire socialiste.

L’American Civil Liberties Union (ACLU) de Floride, qui a accepté de représenter le Militant, a fait appel le 23 septembre de la décision inconstitutionnelle au Comité de revue de littérature du département des corrections de Floride. Le 2 octobre, le comité a informé Benjamin Stevenson, avocat de l’ACLU de Floride, qu’il rejetait l’appel et que sa décision écrite suivrait prochainement.

Le 9 septembre, le journal a reçu une lettre de la prison l’informant que le numéro du 22 juillet était confisqué sous prétexte qu’un article rapportant le déclenchement d’une grève de la faim par des prisonniers en Californie « représente une menace pour la sécurité, l’ordre ou la discipline du système correctionnel. » De plus, l’avis annonce que la confiscation sera appliquée dans tout le système pénitentiaire de l’État de Floride, « dans toutes les grandes institutions, les camps de travail, les prisons de la route et les camps forestiers, » où 32 travailleurs derrière les barreaux reçoivent le Militant chaque semaine. Trois autres abonnés sont enfermés dans des prisons fédérales en Floride.

« La confiscation du Militant viole les droits de liberté d’expression à la fois du Militant et de ses abonnés détenus, » déclare l’appel déposé par Benjamin Stevenson. Le Militant « demande que la confiscation soit annulée … et que tous les numéros confisqués soient immédiatement envoyés à leurs abonnés. »

« Les droits de liberté d’expression du premier amendement signifient à la fois le droit de dire et d’entendre ainsi que de publier et de recevoir des informations, » a affirmé Benjamin Stevenson dans un entretien téléphonique le 27 septembre.

Les autorités pénitentiaires prétendent que l’article en première page du numéro du 22 juillet « Des prisonniers de Californie déclenchent une grève de la faim contre l’isolement cellulaire et les abus » « encourage les grèves de la faim. » Le court article informatif rapportait les faits de base sur l’action de protestation et citait un membre de la famille d’un gréviste de la faim.

« L’article est écrit pour le grand public et pour une large diffusion et en aucun cas l’auteur n’« encourage » quiconque à faire quoi que ce soit, y compris aux détenus à participer à des grèves de la faim, » soutient l’appel. L’appel déclare également que les grèves de la faim en Californie, ainsi que celles qui ont eu lieu dans la prison U.S. de Guantánamo à Cuba « étaient des questions d’intérêt public et faisaient partie de la conversation générale en cours l’été dernier. »

Les grèves de la faim « ont été largement rapportées par les chaînes de télévision nationales et locales, les télévisions par câble et les principaux magazines et journaux, y compris le Miami Herald, Pensacola News Journal, Tallahassee Democrat, Tampa Bay Times, New York Times, Time, U.S. News & World Report et USA Today. » Des exemplaires de la couverture de la grève de la faim de la prison de Californie par plusieurs de ces médias, y compris deux articles d’opinion du New York Times appelant à soutenir les grévistes de la faim, ont été joints à l’appel.

L’appel dit qu’il n’existe aucune preuve que le ministère des Services correctionnels de Floride a censuré une de ces publications en raison de leur couverture du même sujet.

« De plus, dit l’appel, cette édition du Militant a été envoyée aux abonnés dans 44 autres prisons, y compris en Floride, dans la prison de Californie de Pelican Bay SHU (qui était parmi les sujets de l’article) et dans la prison fédérale à Florence dans le Colorado. » Aucune de ces prisons n’a rejeté ou saisi cette édition.

La saisie « viole non seulement le droit à la libre expression mais aussi le respect des procédures et des garanties de protection égales, » ce qui équivaut à un acte anticonstitutionnel de censure politique, dit l’appel.

Il ajoute que le fait que le journal, décrit par son entête comme « un hebdomadaire socialiste publié dans l’intérêt des travailleurs, » a été ciblé ne peut s’expliquer que par l’hostilité politique de l’institution correctionnelle de Santa Rosa envers le point de vue proclamé ou perçu du Militant.

L’appel contient deux déclarations de Doug Nelson, le directeur du Militant, qui explique que le journal a plus de 80 abonnés dans les prisons à travers le pays, qu’il n’a reçu aucun autre avis de saisie et que cette édition n’a été rejetée dans aucune d’entre elles. Parmi les abonnés du journal dans les prisons américaines, il y en a 15 en Californie où la grève de la faim a eu lieu.

En plus de l’article en première page cité, le numéro qui a été saisi comprenait une entrevue d’une page avec René González, repris de l’Escambray, un hebdomadaire publié à Cuba, intitulée « Dans le système pénitentiaire américain, le simple fait d’avoir un procès vous gagne le respect. » René González, qui a remporté son combat pour revenir à Cuba en mai dernier, est l’un des cinq révolutionnaires, connus internationalement comme les Cinq Cubains, qui ont été victimes d’un coup monté et emprisonnés aux États-Unis pour leurs opinions communistes et leurs activités de défense de la révolution cubaine. Parmi les abonnés du journal derrière les barreaux aujourd’hui, se trouvent les quatre autres : Gerardo Hernández, Antonio Guerrero, Ramón Labañino et Fernando González.

Benjamin Stevenson a dit au Militant que l’ACLU en Floride s’était engagée dans d’autres luttes pour défendre les droits des détenus. « Nous avons poursuivi avec succès le shérif du comté de Santa Rosa pour qu’il mette fin à la politique « des cartes postales seulement » qui niait aux prisonniers le droit d’envoyer ou de recevoir des lettres, a-t-il dit. Et nous travaillons pour mettre fin à une politique similaire dans un autre comté. »

« Ceci est un combat pour les droits des travailleurs, à l’intérieur et à l’extérieur des prisons, a déclaré Doug Nelson. Nous sommes fiers de notre base croissante d’abonnés parmi les travailleurs derrière les barreaux et nous avons reçu un bon accueil pour notre Fonds pour les prisonniers, qui récolte l’argent de lecteurs afin de permettre à quiconque se trouvant en prison de recevoir le journal s’il le désire, quelle que soit sa situation financière. Nous allons nous battre pour repousser la censure politique et les tentatives des autorités pénitentiaires de Floride de nier aux détenus le droit de recevoir les informations qu’ils souhaitent. »

Le journal lance un appel de soutien et un appel financier auprès des lecteurs pour poursuivre la lutte, a déclaré Doug Nelson.

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