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Volume 77, no 19      le 20 mai 2013

 
René González, un des Cinq Cubains,
gagne la bataille pour retourner à Cuba
 
LOUIS MARTIN 
La campagne internationale pour libérer cinq révolutionnaires cubains emprisonnés aux États-Unis depuis 1998 a remporté une victoire : René González est de retour à Cuba. Depuis qu’il a été libéré sur parole en octobre 2011, celui-ci a été contraint de rester aux États-Unis pour purger ses trois ans de libération conditionnelle.

Le 22 avril, sous ordonnance d’un tribunal, René González a été libéré pour aller passer deux semaines à La Havane et assister à une commémoration pour son père Cándido González qui est décédé le 1er avril. Le 3 mai, la juge de district des États-Unis, Joan Lenard, a statué qu’il pourrait faire l’autre moitié de sa libération conditionnelle à Cuba à condition qu’il renonce à sa citoyenneté U.S. et ne retourne plus jamais aux États-Unis.

« La lutte pour libérer Fernando [González], Antonio [Guerrero], Gerardo [Hernández] et Ramón [Labañino] sera la priorité de ma vie, » a déclaré René González le 6 mai lors d’une conférence de presse à La Havane. « Il ne peut y avoir de justice. Nous avons enduré un long procès empreint d’irrégularités et de condamnations absurdes. Mais nous continuerons le combat jusqu’à ce qu’ils reviennent à Cuba. »

René González détient la double nationalité U.S. et cubaine, étant né à Chicago avant de s’installer à Cuba avec ses parents quand il avait cinq ans.

Sa première requête pour passer sa libération conditionnelle à Cuba, déposée alors qu’il était encore en prison, avait été rejetée par la juge Lenard sur la base de sa double nationalité. Normalement les détenus libérés ayant la double nationalité sont autorisés à purger leur libération conditionnelle dans l’autre pays.

Le gouvernement des États-Unis a demandé que sa seconde requête, déposée en juin dernier, soit aussi rejetée, bien que René González ait proposé depuis longtemps de renoncer à sa citoyenneté U.S. Le 3 mai, la juge Lenard a satisfait la requête après que le département de la Justice U.S. a changé de position et accepté l’offre.

« Le département de la Justice a expliqué sa volte-face, » a rapporté un communiqué de l’Associated Press le 3 mai, « en disant que puisque René González est déjà à Cuba, il n’y a plus de craintes qu’il utilise une promesse de renonciation à la citoyenneté pour retourner de façon inappropriée dans l’île. »

Le 6 mai, René González est allé à la Section des intérêts U.S. à La Havane pour entamer les démarches afin de renoncer à sa citoyenneté U.S., « alors que les passants dans les rues et sur les balcons des appartements au-dessus applaudissaient et scandaient son nom, » a rapporté Reuters. Connus internationalement comme les Cinq Cubains, il sont appelés les Cinq héros à Cuba et sont profondément respectés par des millions de gens là-bas pour leur exemple de détermination et de fermeté en défense de la Révolution cubaine.

Les Cinq vivaient et travaillaient dans le sud de la Floride où, à la demande des services de sécurité de Cuba, ils recueillaient de l’information, qu’ils transmettaient à La Havane, sur les activités de groupes contre-révolutionnaires armés cubains-américains qui ont un long passé d’attaques violentes contre Cuba et les partisans de la révolution cubaine.

Après « avoir volé » un avion d’épandage à Cuba et avoir fait défection aux États-Unis en décembre 1990, René González a été accueilli dans les cercles contrerévolutionnaires et a intégré des groupes paramilitaires voués au renversement de la révolution cubaine, un objectif que partage Washington.

René González est devenu pilote des Frères à la rescousse, une organisation fondée en 1991 par José Basulto, un agent entraîné par la CIA. Au milieu des années 1990, le groupe a commencé à organiser des vols dans l’espace aérien de Cuba dans le but de provoquer une confrontation avec Washington.

Le gouvernement des États-Unis n’a rien fait pour les arrêter, malgré les avertissements répétés de La Havane selon lesquels les incursions ne se poursuivraient pas impunément. En janvier 1996, une opération des Frères à la rescousse a largué de la propagande contre-révolutionnaire sur l’île. Le mois suivant, après des avertissements répétés leur demandant de faire demi-tour, des avions de chasse cubains ont abattu deux des avions du groupe qui avaient violé une fois de plus l’espace aérien cubain.

Les Cinq ont été arrêtés lors de descentes du FBI en septembre 1998 et ont été victimes d’un coup monté sous des accusations de complot. René González a reçu la condamnation la plus courte — 15 ans pour avoir agi comme agent étranger sans s’enregistrer et pour avoir conspiré pour agir en agent non enregistré d’un gouvernement étranger.

« Je l’ai fait en tant que patriote cubain et je n’ai aucun regret, » a rapporté l’Associated Press dans une entrevue récente citant René González. « Je n’ai jamais eu la moindre hésitation. »

René González a de la famille à Cuba, y compris sa femme Olga Salanueva, ses deux filles Irma et Ivette et sa mère Irma Sehwerert. Olga Salanueva s’est vue refusée l’entrée aux États-Unis pour aller rendre visite à René González en prison, tout comme Adriana Pérez, la femme de Gerardo Hernández, qui a été condamné à deux peines de perpétuité plus 15 ans.

À la mi-avril, Adriana Pérez a pris la parole au cours de rassemblements au Canada organisés par le Syndicat des métallos, l’un des plus gros syndicats du pays. Un bon exemple de la solidarité grandissante pour les cinq est la résolution adoptée à l’unanimité par les 650 délégués au congrès national des métallos, qui se sont engagés à faire campagne pour la libération des Cinq.

Les prochains « Cinq jours pour les Cinq Cubains », qui auront lieu du 30 mai au 5 juin à Washington, s’organisent dans la perspective d’élargir la campagne pour libérer les quatre révolutionnaires restants. La série d’événements comprend une mobilisation internationale le 1er juin en face de la Maison blanche.

« Tout ce qu’il manque, c’est que les gens aux États-Unis aient une bonne connaissance du cas, » a dit René González lors de la conférence de presse à La Havane. « C’est pourquoi j’encourage ceux qui sont présents ici à faire connaître notre cause aux États-Unis. »

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