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Vol. 76/No. 39      le 29 octobre 2012

 
Luttons pour le droit
des femmes à l’avortement!
(Éditorial)
 

Le combat pour défendre le droit des femmes de choisir l’avortement est une lutte importante pour la classe ouvrière à l’échelle mondiale. La nouvelle loi en Uruguay est un petit pas en avant dans cette bataille globale.

À mesure que la classe ouvrière augmente partout dans les pays coloniaux et semi-coloniaux, entrainée dans le monde par l’expansion inexorable des tentacules de la production et du commerce capitalistes, les batailles pour les droits des travailleurs, les droits des femmes et le droit à l’avortement se sont multipliées.

Depuis la deuxième guerre mondiale, les femmes aux États-Unis sont entrées sur le marché du travail dans des proportions toujours plus importantes. Cette tendance se poursuit aujourd’hui, ici et de plus en plus à travers le monde, ce qui renforce la confiance des femmes et leurs attentes et transforme les attitudes de leurs collègues de travail masculins.

De ces changements sociaux est émergé un mouvement de femmes qui refusaient d’accepter un statut de deuxième classe, exigeant la liberté reproductive tout comme le droit à l’égalité des salaires et de l’accès aux emplois. Leur combat s’est appuyé sur la bataille massive et prolétarienne pour renverser la ségrégation du système Jim Crow et les grandes manifestations de rue contre la guerre U.S. au Viêt-nam.

Pour les patrons, ces acquis représentent une menace, réduisant les profits qu’ils tirent de l’oppression des femmes. La lutte pour l’émancipation des femmes se heurte également aux efforts incessants de la classe dirigeante capitaliste pour imposer à la famille le fardeau le plus lourd possible pour les soins aux enfants et aux personnes âgées, fardeau qui pèse toujours le plus lourdement sur les femmes.

La victoire codifiée en 1973 par l’arrêt de la Cour suprême dans l’affaire Roe v. Wade a traduit un profond changement dans les attitudes sociales. Depuis, les adversaires des droits des femmes ont mené une offensive pour imposer de plus en plus de restrictions légales à l’accès des femmes à l’avortement.

C’est dans ce contexte que le président Barack Obama a appelé en 2009 à « un terrain d’entente » avec les adversaires des droits des femmes afin de « réduire le nombre de femmes qui cherchent à se faire avorter. »

Dans 87 pour cent des comtés aux États-Unis, il n’existe aucun service disponible pour avortement. Trente-cinq États obligent les femmes à subir des « conseils » — des séances d’harcèlement humiliantes et anti-scientifiques — avant d’avoir un avortement. Et dix États exigent que les femmes passent une échographie et se fassent sermonner sur le résultat ; certains exigent une procédure vaginale intrusive.

Beaucoup de ces attaques, ici et à travers le monde, sont menées sous le couvert de la foi religieuse. Les classes possédantes dans 68 pays où vit plus d’un quart de la population mondiale interdisent totalement l’avortement ou le limitent à des cas où la procédure est jugée nécessaire pour sauver la vie d’une femme.

La vaste majorité de ces régimes est fortement influencée par des rapports avec les hiérarchies islamiques ou de l’église catholique, du Moyen-Orient jusqu’en Amérique latine.

Mais des restrictions archaïques anti-femmes se retrouvent de plus en plus en conflit avec les attitudes et les désirs des femmes partout dans le monde, quelque soit leur foi. Aux États-Unis, par exemple, quelque 62 pour cent des femmes catholiques soutiennent le droit des femmes de choisir l’avortement, le même pourcentage que celui de l’ensemble de la population.

En Indonésie, des militants de Samsara, une organisation qui mène campagne pour le droit des femmes à des avortements sans danger, signalent que leur nouvelle ligne d’assistance téléphonique a reçu plus de mille appels depuis le mois de juin, la plupart provenant de jeunes femmes célibataires.

Défendre le droit des femmes à l’avortement est d’une importance décisive pour la classe ouvrière. Sans le droit de décider quand ou si elles veulent enfanter, les femmes ne peuvent participer sur un plan d’égalité dans la vie économique, sociale et politique. Et sans la lutte pour l’émancipation des femmes, la solidarité dont la classe ouvrière a besoin pour combattre les patrons — et pour mener une lutte révolutionnaire victorieuse afin de leur arracher des mains le pouvoir politique — est impossible.  
 
 
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