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Volume 76, no 29      le 6 août 2012

 
Les travailleurs sortent ‘plus unis’
de la lutte contre le lockout à Rio Tinto
 

KATY LEROUGETEL
ET JOE YOUNG

ALMA, Québec — Les membres de la section locale 9490 du syndicat des Métallos de la fonderie d’aluminium de Rio Tinto Alcan (RTA) d’Alma ont voté à 84 pour cent en faveur d’une nouvelle convention collective.

En lock-out depuis le 1er janvier, les 770 travailleurs ont résisté aux projets de l’entreprise d’embaucher des travailleurs en dehors du syndicat comme « sous-traitants », à la moitié du salaire des travailleurs syndiqués, une fois que ces derniers partiront à la retraite. Les patrons de Rio Tinto ont d’abord offert la protection syndicale pour seulement 350 des emplois soi-disant de base.

Rio Tinto Alcan, une filiale du géant minier Rio Tinto PLC, est le deuxième plus grand producteur mondial d’aluminium.

« Ce n’est pas autant que nous voulions, mais ils voulaient carte blanche et maintenant il y a une limite à la sous-traitance », a déclaré Patrick Giasson, un électro technicien, au Militant.

Les heures travaillées par les sous-traitants doivent être limitées à 10 pour cent de celles effectuées par les membres du syndicat. Dans la dernière année du contrat qui s’étend jusqu’en 2015, ce chiffre passera à 15 pour cent.

« Nous n’avons pas obtenu un nombre minimum d’emplois garantis, mais nous avons obtenu un plafond de sous-traitance, » a déclaré Suzy Fournier, membre de la section locale 9490.

« L’accord respecte notre objectif, qui est que l’usine demeure compétitive, » a déclaré Claudine Gagnon, porte-parole de Rio Tinto Alcan, au Militant. Claudine Gagnon n’a pas voulu dire si oui ou non la sous-traitance autorisée par le nouveau contrat représente une augmentation par rapport aux pratiques actuelles.

« Il y avait beaucoup d’incertitude. Certaines personnes tenaient leur bulletin de vote dans leurs mains et ne savaient pas où mettre leur X, » a raconté Danny Beaudoin au cours d’une interview téléphonique. « J’ai refusé l’offre. J’aurais attendu Kitimat. Je crains que nous leur ayons coupé l’herbe sous le pied en acceptant trop vite. »

La convention collective des quelques 1 050 travailleurs de Rio Tinto à la fonderie de Kitimat, en Colombie-Britannique, a pris fin le 23 juillet. Ils sont confrontés à une lutte semblable contre la sous-traitance.

« Ce n’est pas une victoire écrasante, » a déclaré au Militant le président de la section locale 9490, Marc Maltais. « Mais c’est toujours une victoire syndicale, compte tenu des objectifs que nous nous étions fixés. »

Accusés de sabotage, deux membres du syndicat ont été suspendus par l’entreprise au cours du lock-out. La Sûreté du Québec, la police provinciale, a dit au syndicat qu’il n’y avait pas de base pour des poursuites judiciaires contre les travailleurs. L’accord de retour au travail a réduit de trois mois chaque suspension, les portant à neuf et six mois respectivement. Pendant ce temps, le syndicat soutient financièrement ses deux membres.

La société a également refusé d’abandonner la citation à comparaître envoyée à Pierre Simard, le président de la section locale du syndicat des travailleurs à l’usine hydro-électrique de RTA. Simard est accusé d’avoir joué un rôle clé dans la dénonciation de l’accord secret entre RTA et Hydro-Québec, une société hydro-électrique appartenant à la province et qui a rapporté des millions de dollars à RTA grâce à la vente de son surplus d’électricité pendant le lock-out.

La totalité des 56 emplois syndiqués dans le recouvrement des cuves sera sous-traitée. Les 56 travailleurs syndiqués se verront offrir d’autres emplois dans les usines de Rio Tinto à un salaire plus élevé.

« Nous allons développer des liens à l’intérieur de l’usine, » a déclaré Jean-Marc Côté, un ouvrier d’entretien avec 25 ans d’ancienneté. « Nous devrons tendre la main aux sous-traitants pour qu’ils obtiennent la syndicalisation. »

« Vous n’avez pas idée de ce que j’ai gagné avec ce conflit : la solidarité, le soutien, » a déclaré Jean-Marc Vaillancourt, un travailleur dans le recouvrement des cuves. « Je ne l’oublierai jamais. C’est un combat qui m’a marqué profondément pour toujours. »

« Le plus gros gain dans le conflit, c’est le respect de l’employeur pour notre organisation, » a déclaré par téléphone Marc Perron, qui travaille dans le chauffage et la ventilation. « Nous sommes plus unis que jamais. Nous avons atteint la première marche. Maintenant, nous devons gravir le reste de l’escalier. »  
 
 
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