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Année 80, no 42       le 7 novembre 2016

 

L’héritage anti-ouvrier des Clinton

Le nouveau livre de Jack Barnes, un dirigeant du Parti socialiste des travailleurs, explique pourquoi les dirigeants capitalistes US craignent la classe ouvrière

L’héritage anti-ouvrier des Clinton : Pourquoi Washington craint les travailleurs vient de paraître ! Ce nouveau livre qui arrive en temps opportun contient trois chapitres écrits à partir de discours et rapports présentés entre 2001 et 2008 par Jack Barnes, secrétaire national du Parti socialiste des travailleurs :

• Mettre un terme à l’aide sociale telle que nous la connaissons

• Racines de la crise financière de 2008

• Comment les Clinton ont trafiqué les chiffres

Voici l’introduction de Steve Clark, membre du Comité national du Parti socialiste des travailleurs. Copyright © 2016 par Pathfinder Press. Reproduit avec permission.

STEVE CLARK

« Déplorables ». « Irrécupérables ». Ce sont les étiquettes méprisantes qu’Hillary Clinton appliquent à des millions de travailleurs des États-Unis qui vivent et essaient de travailler dans les conditions de l’accablant déclin du capitalisme.

Ce livre porte sur ces millions de travailleurs et sur d’autres comme nous à travers le monde. Il explique pourquoi nous sommes aujourd’hui au centre de la politique et le serons de plus en plus dans les mois et les années qui suivront l’investiture de la nouvelle administration américaine le 20 janvier 2017.

Ces dispositions profondément ancrées d’Hillary Clinton, exprimées dans un rare moment improvisé à des partisans riches lors d’un événement de collecte de fonds à Manhattan, ont révélé ce que des millions de travailleurs savent déjà trop bien. Nous, les travailleurs et nos familles, vivons depuis plus de deux décennies avec les conséquences de la première occupation par les Clinton de la Maison-Blanche, de 1993 à 2001, quand ils se sont distingués par une offensive brutale pour mettre un terme à « l’aide sociale telle que nous la connaissons. » Et quand ils ont fait adopter des lois comme celle qui a eu un impact dévastateur sur les familles de la classe ouvrière, en particulier celles des Américains africains, et qui s’appelle, de manière sinistre, la « Loi contre le terrorisme et pour une peine de mort efficace. »

L’héritage anti-ouvrier des Clinton : Pourquoi Washington craint les travailleurs, de Jack Barnes, le secrétaire national du Parti socialiste des travailleurs, réunit en un seul lieu ces chapitres et d’autres semblables tirés des vingt-cinq dernières années du cours axé sur le profit poursuivi par les Clinton et par d’autres serviteurs politiques des dirigeants capitalistes américains.

Jack Barnes décrit le coût humain payé par les travailleurs aux États-Unis, y compris avec les coups de sabre dans le maigre « filet de sécurité sociale », conquis lors de combats acharnés par la classe ouvrière US au cours des décennies. Il explique ce qu’un nombre croissant de travailleurs ressentent déjà par rapport à ce qui nous arrive, même si les riches et les puissants le nient avec véhémence. Nous traversons une contraction économique et une crise financière à combustion lente, une crise capitaliste mondiale telle que nous n’en n’avons jamais vécue.

Et ce sont les travailleurs du monde entier qui portent le fardeau de cette calamité sociale croissante.

Comme en témoignent les mots de Clinton, les dirigeants américains et leur gouvernement ont commencé à craindre la classe ouvrière pour la première fois depuis des décennies. Non pas parce qu’il y a déjà des luttes massives de travailleurs comme celles qui ont forgé les syndicats industriels dans les années 1930 ou comme les batailles pour les droits des Noirs, basées dans le prolétariat, qui ont vaincu la ségrégation et la terreur de Jim Crow dans les années 1950 et 1960. Il n’y a pas encore une importante politisation de la classe ouvrière aux États-Unis.

Ils nous craignent parce qu’ils reconnaissent que de plus en plus de travailleurs commencent à voir que les patrons et leurs partis politiques n’ont aucune autre « solution » que de nous faire payer toujours davantage le prix, en termes monétaire et humain, de la crise de leur système. Depuis le krach financier de 2008-2009 et la contraction de l’économie, de plus en plus de travailleurs et d’agriculteurs sont déjà engagés dans une vaste et chaude discussion sur cette réalité. Bien que personne ne puisse en prévoir le moment, les capitalistes de la finance et les couches de professionnels bien payés qui sont à leur service sentent que ce qui nous attend, ce sont des luttes croissantes, des luttes de classes.

Ni Washington, ni Wall Street ne disposent d’un cours politique qui puisse limiter les conséquences internationales explosives des contradictions financières et bancaires du capitalisme. Tout comme ne le peut aucun de leurs alliés et concurrents capitalistes, de Londres à Berlin, à Tokyo.

Aucun d’entre eux ne poursuit une politique qui puisse mettre fin au déclin de la production, du commerce et de l’emploi capitalistes qui ravage les vies et les moyens de subsistance des travailleurs, des agriculteurs et de nos familles. Aucun ne peut mettre fin à la baisse du nombre de travailleurs actifs, à l’augmentation de l’âge auquel les jeunes commencent une vie productive indépendante ni à la baisse du nombre de nouvelles familles qui se forment avec un toit au-dessus de leurs têtes et de la nourriture sur leur table.

Pourquoi ? Parce qu’une telle politique n’existe pas. Ce qui arrive aujourd’hui dans le monde n’est pas le résultat d’« erreurs » dans la politique de la Maison-Blanche, du Congrès, de la Réserve fédérale ou de la Cour suprême, toujours plus pitoyablement politisée et prétentieuse. C’est le résultat du fonctionnement même du capitalisme. Et c’est là où nous devons orienter notre tir, pas contre les boucs émissaires pointés du doigt par les démagogues réactionnaires pour détourner nos énergies.

La réduction des taux d’intérêt à un niveau proche de zéro (ou en dessous). L’achat d’énormes quantités de dettes publiques (et ensuite d’obligations et d’actions d’entreprises). De nouvelles « règles » visant à encadrer les banques et les industries. Une augmentation importante des dépenses gouvernementales déficitaires. Même les énormes dépenses de guerre, comme les 5 000 milliards de dollars déjà engloutis dans les opérations militaires US en Irak, en Afghanistan et ailleurs depuis seulement 2001. De telles politiques peuvent peut-être différer ou temporairement amortir les effets du prochain effondrement économique, mais elles ne pourront ni ne vont l’« empêcher ». Encore moins relancer la croissance économique et l’emploi.

Le capitalisme est depuis longtemps devenu un système mondial. Les familles dirigeantes US et leurs rivales en Europe et dans le Pacifique s’efforcent sans cesse de maximiser leurs propres profits à travers le monde. Le carnage grandissant et la dépossession de millions d’êtres humains en sont le résultat. De l’Afghanistan à l’Irak, la Syrie et le Yémen, de la Somalie au Soudan, dans de larges étendues d’Afrique et au-delà, la planète est devenue un océan de réfugiés, dont le nombre et les privations dépassent tout ce que nous avons vu depuis la fin de la deuxième guerre mondiale.

C’est un monde dans lequel la surexploitation impérialiste alimente et perpétue non seulement l’analphabétisme et des niveaux dévastateurs de mortalités maternelle et infantile mais aussi des épidémies terrifiantes de maladies que l’on pourrait éviter. La crise de l’Ébola en Afrique de l’Ouest en 2014, le choléra en Haïti en 2010 et encore en 2015 et 2016, le virus Zika en Amérique latine et les Caraïbes, y compris dans la colonie US de Porto Rico asservie par la dette, ne sont que les plus récents exemples. L’impérialisme laisse des centaines de millions de personnes sans eau potable, sans assainissement des eaux usées, sans électricité ni nourriture, du Guatemala au Bangladesh, du Nigéria aux Philippines.

Au milieu de ce cauchemar intérieur et international grandissant, les politiciens des deux grands partis capitalistes, de même que les medias du grand capital, travaillent sans compter à propager la campagne de calomnies selon laquelle les travailleurs aux États-Unis seraient massivement « racistes, sexistes, homophobes, xénophobes, islamophobes, pour ne pas en dire plus, » comme Hillary Clinton l’a dit dans son discours de septembre 2016 devant ses donneurs de fonds. Ils ne sont pas seulement « déplorables », a-t-elle dit. Plus important encore : « Ils sont irrécupérables. »

Mais ce que révèle la campagne électorale de 2016, de façon partielle et déformée, comme tout phénomène électoral bourgeois, n’est pas tant la dépréciation offensante des femmes, des immigrés, des musulmans et d’autres par Donald Trump. Ce n’est pas non plus le nombre substantiel de personnes considérées « irrécupérables » par Hillary Clinton qui ont voté pour lui. La vérité, c’est qu’un nombre encore élevé de personnes ont refusé de voter pour l’un ou pour l’autre.

Ce que cette campagne a surtout révélé, c’est autre chose : le système bipartite bourgeois n’a produit pendant si longtemps que des attentes déçues. En 2016, des millions de personnes votent pour ce qu’elles espèrent être un changement. Beaucoup d’autres ont déjà décidé, dégoûtées, de ne pas voter cette fois-ci, au moins pas à l’élection présidentielle.

Qu’il s’agisse des milliards de dollars de Trump ou des centaines de millions accumulés par les Clinton eux-mêmes et par leur fondation au cours des 15 ans qu’ils ont passé en dehors de la Maison-Blanche, la richesse des deux candidats bourgeois dépend des rapports sociaux capitalistes qu’ils défendent fièrement. Et les profits qu’ils récoltent dépendent de la concurrence et de la division parmi les travailleurs. Des licenciements et du chômage. Des barèmes de salaire multiples et de l’aggravation des conditions de travail. De la discrimination raciste. Du statut de deuxième classe des femmes. De la crainte omniprésente de la brutalité des flics. Du statut de paria des travailleurs immigrants et des réfugiés. Des guerres sanglantes et des opérations militaires pour protéger les intérêts impérialistes des États-Unis à l’étranger. Sans les rapports de classe féroces propres au capitalisme, des milliards de dollars de superprofits empochés par la classe des employeurs année après année s’évaporeraient.

Ils s’enrichissent en exploitant notre travail et en nous maintenant divisés. Ce qui corrompt la solidarité ouvrière, c’est le fonctionnement normal de la production et de la distribution capitalistes ainsi que le pouvoir d’État qui maintient l’exploitation et l’oppression.

Voilà ce qui est déplorable.

Quelle que soit l’issue des élections à la présidence et au Congrès en 2016, un coup sans précédent a été porté à la stabilité du système capitaliste de partis aux États-Unis. Il n’y a jamais eu rien de comparable depuis la consolidation il y a plus d’un siècle de la domination des partis démocrate et républicain sur la politique bourgeoise dans la nouvelle puissance impérialiste montante.

Pour que le système bipartite fonctionne de façon efficace pour la classe dirigeante, il faut qu’il y ait un « moindre mal. » Et les moindres maux doivent alterner : un démocrate pour quelques mandats, puis un républicain et ainsi de suite. Voilà comment le système a fonctionné pendant des décennies comme une soupape de sécurité efficace pour laisser échapper de la colère dans « l’électorat ».

Mais ce n’est pas ce qui est arrivé en 2016.

Jamais auparavant les candidats présidentiels des deux principaux partis capitalistes n’ont suscité autant de méfiance, de dégoût et d’aversion parmi les travailleurs et les agriculteurs, les jeunes et de larges couches de la classe moyenne inférieure. Une récente caricature résume la situation. Elle montre deux maisons voisines avec chacune une pancarte. L’une dit : « Elle est pire » et l’autre : « Il est pire. » Les deux ont tout à fait raison ! Il n’y a pas de moindre mal.

Et les conditions de crise qui ont produit ce bouleversement dans le système des deux partis bourgeois ne sont pas en train de disparaître. Elles empirent.

Ce qu’on a vu en 2016 et qui est nouveau, c’est la révélation d’un fait que la classe dirigeante aux États-Unis a largement réussi à masquer pendant des décennies. On a pu voir concrètement que le système bourgeois électoral aux États-Unis est truqué ; oui, truqué au profit des possédants et de leur grande méritocratie rentière. La grande majorité des familles de la classe dirigeante, souvent appelées à tort « l’establishment » ou « l’élite politique » par ceux qui espèrent masquer leur caractère de classe, ont fait clairement savoir quelques mois avant les élections de novembre qu’elles avaient l’intention d’utiliser la télévision, les journaux ou tout bâton dont elles pouvaient se saisir pour assurer la défaite de Donald Trump.

L’écrasement du grand défi lancé par Bernie Sanders à Hillary Clinton lors des primaires avait déjà donné aux nouvelles générations de travailleurs et de jeunes un aperçu de ce que les puissantes forces bourgeoises peuvent faire et feront une fois qu’elles ont décidé à l’avance du résultat d’une nomination ou d’une élection.

Les couches dirigeantes et les échelons supérieurs de ceux qui exécutent leurs ordres vivent selon des règles et des valeurs morales différentes. C’est une erreur de décrire Hillary Clinton comme « la menteuse » uniquement parce que c’est une description qui pourrait s’appliquer à beaucoup d’autres personnages dans les deux partis capitalistes. Tout autant Sanders que Trump ont décrié le système « truqué », un système auquel ils ont eux-mêmes allégrement participé, dont ils ont profité pendant des années et continueront de le faire. Mais les yeux de millions de travailleurs ont été ouverts non pas aux conspirations troubles, mais au fonctionnement quotidien de la politique bourgeoise aux États-Unis et d’une manière ou d’une autre dans le monde entier.

La stabilité passée de cette escroquerie à deux partis ne sera pas restaurée.


Les huit premières années des Clinton à la Maison-Blanche, de 1993 à 2001, ont initié un cours dirigé contre la classe ouvrière qui s’est poursuivi avec les administrations républicaine et démocrate subséquentes de Georges W. Bush et Barak Obama, chacune pendant deux mandats. Le bilan donne un avant-goût de ce qui attend les travailleurs au cours de ce que les Clinton espèrent être leur deuxième domination de huit ans.

L’exemple le plus frappant de ce cours a été la « réforme de l’aide sociale » par l’administration Clinton en 1996, qui a drastiquement réduit le pourcentage des familles vivant sous le seuil officiel de pauvreté aux US qui reçoivent des allocations du gouvernement en liquide, de près de 70 pour cent alors à 23 pour cent en 2015. Hillary Clinton, qui dit que « la défense des enfants et des familles a été la cause de ma vie, » continue toujours de défendre cette loi cruelle.

Les Clinton et leurs partisans ont promis de remplacer les allocations par des emplois. Mais les emplois se sont évaporés et le « filet de sécurité » n’est plus là.

L’ancien sénateur US Daniel Patrick Moynihan a dit, il y a 20 ans, que l’administration Clinton « passerait à l’histoire comme étant celle qui a abandonné, et elle l’a fait avec enthousiasme, l’engagement national envers les enfants dépendants. » Il ne pouvait dire mieux.

Les taux d’assurance santé prévus dans la Loi pour des soins in-abordables de l’administration Obama, augmenteront énormément, d’entre 30 et 60 pour cent, dans beaucoup d’États en 2017. Quelque 1,5 millions de travailleurs perdront leur couverture actuelle. Pourtant, aussi bien Clinton que Trump, continuent de s’opposer à une couverture de santé universelle financée par le gouvernement. Trump dit qu’il jettera à la poubelle tout l’« Obamacare », et ce faisant beaucoup de personnes viendront s’ajouter aux 30 millions qui n’ont toujours pas la moindre couverture médicale. Hillary Clinton quant à elle promet de « réparer ce qui ne fonctionne pas. » Mais c’est la Loi sur la sécurité sociale de Clinton lui-même en 1993, battue par un Congrès contrôlé à l’époque par les démocrates, qui a donné le ton, en prenant en otage la couverture de santé des travailleurs au profit des géants pharmaceutiques et en combinant de plus en plus les compagnies d’assurance et les hôpitaux. Elle a aussi dramatiquement augmenté les coûts de tout ce qui a trait aux soins médicaux.

Les années Clinton ont été marquées, entre autres choses, par une augmentation de la population dans les prisons fédérales et d’État qui a été plus importante que sous n’importe quel autre président ayant effectué deux mandats : une augmentation de 60 pour cent entre 1993 et 2001. Leur administration a organisé le plus grand nombre d’expulsions en une seule année de l’histoire des États-Unis : 1,8 millions de personnes. Les lois que la Maison-Blanche sous Clinton a soutenues et signées ont considérablement augmenté le nombre de crimes fédéraux punissables de la peine de mort, qu’Hillary Clinton et Donald Trump soutiennent.

Tous ceux qui, lors de la convention démocrate, ont vu la machine d’Hillary Clinton faire en sorte que les délégués hurlent « USA ! USA ! » pour tenter de réduire au silence les délégués qui scandaient « Assez de guerre ! » ne seront pas surpris d’apprendre que c’est la Maison-Blanche sous Clinton qui a décrit pour la première fois, de manière chauvine, les États-Unis impérialistes comme étant « la nation indispensable. » (Ils ne seront pas non plus surpris d’apprendre que la première personnalité de l’administration Clinton à diffuser ce mensonge dans les années 1990 a été sa secrétaire d’État Madeleine Albright, celle-là même qui, lors des primaires de 2016, a prévenu les femmes qu’« il y a une place spéciale en enfer » pour celles qui ne soutiennent pas Hillary Clinton.)

Hillary Clinton a appelé à plusieurs reprises à l’imposition d’une « zone d’exclusion aérienne » au-dessus de la Syrie, une politique qui ne pourrait être appliquée qu’en étant prêt à abattre les avions de guerre de Moscou, c’est-à-dire à provoquer un conflit militaire direct avec la Russie. Cette position est en accord avec son appui à toute une série de guerres initiées par les États-Unis pendant un quart de siècle ainsi qu’à des opérations militaires s’étendant de la Lybie à l’Iraq et de l’Afghanistan au Pakistan. Si on inclut les campagnes de bombardements et les « opérations spéciales » que les États-Unis ont organisées sous les Clinton en Iraq, en Yougoslavie et en Somalie entre 1993 et 2001, ce sont des centaines de milliers de personnes de tous les côtés qui ont été tuées ou handicapées à vie à mesure que ces conflits se sont étendus. Avec une expansion plus grande encore en vue.


C’est durant les deux premiers termes des Clinton à la Maison-Blanche que certaines des mesures les plus sévères ont été prises par les dirigeants impérialistes américains afin d’intensifier des décennies d’efforts de leur part pour renverser la révolution socialiste de Cuba. Cette orientation est également mentionnée dans L’héritage anti-ouvrier des Clinton.

L’adoption de lois comme les lois Torricelli et Helms-Burton a intensifié la guerre économique brutale contre les travailleurs de Cuba. Ceci est arrivé au moment même où les relations économiques vieilles de dizaines d’années de Cuba avec l’URSS et l’Europe de l’Est ont disparu soudainement et au moment où la révolution cubaine a subi et a surmonté le plus grand test de son histoire jusqu’à présent.

L’administration Clinton a fermé les yeux sur les provocations de contre-révolutionnaires cubains basés en Floride. Ceux-ci ont organisé des survols de l’espace aérien de l’île dans l’espoir de pousser La Havane à une réaction défensive qui aurait pu devenir à son tour un prétexte pour une riposte américaine pouvant aller jusqu’à une action militaire. Alors que Washington n’a rien fait pour empêcher ces assauts répétés contre la souveraineté de Cuba, le département de la Justice des Clinton a fabriqué un coup monté contre cinq révolutionnaires cubains vivant en Floride et les a enfermés dans des prisons fédérales. Ceux-ci travaillaient pour le gouvernement de Cuba afin d’empêcher de telles provocations et violences contre le peuple cubain. Trois d’entre eux ont été condamnés à perpétuité.

Les dirigeants américains craignent l’héritage de la révolution socialiste de Cuba pour la même raison qu’ils craignent la classe ouvrière américaine. Ils répandent des mensonges et des calomnies à propos de Cuba pour la même raison qu’ils le font à notre sujet. Par-dessus tout, ils craignent les travailleurs et les agriculteurs qui ont fait et qui défendent la révolution socialiste de Cuba et sa direction communiste parce qu’ils ont peur de l’exemple qu’ils ont donné. L’exemple que nous pouvons surmonter les divisions qu’ils sèment parmi nous, que nous pouvons faire une révolution socialiste et établir un gouvernement qui agit dans nos intérêts de classe. Que nous pouvons offrir une solidarité active aux luttes de travailleurs à travers le monde. Que nous, les travailleurs, pouvons et allons nous transformer nous-mêmes et transformer ce que nous pouvons faire quand nous prendrons le pouvoir et transformerons la société.

Ce n’est pas seulement la prestation des soins médicaux qui changera, pour prendre l’exemple d’une des conquêtes les mieux connues de la révolution cubaine, en rendant les cliniques, les hôpitaux et les médicaments accessibles à tous. De manière plus importante, ceux qui fournissent ces soins, ceux qui ont reçu la formation pour être médecins, infirmiers et autres professionnels de la santé, deviendront des êtres humains différents. Ils le deviendront à mesure que nous détruirons les relations sociales capitalistes du chacun pour soi, de l’exploitation de l’homme par l’homme. Seulement cela permettra la transformation des soins médicaux.

Cet exemple est ce que les dirigeants américains craignent le plus à propos de la révolution cubaine.


Au cours des élections américaines de 2016, le Parti socialiste des travailleurs a dirigé une campagne ouvrière qui présentait Alyson Kennedy comme candidate à la présidence et Osborne Hart, à la vice-présidence, ainsi que des candidats pour des postes de gouverneurs et pour le sénat américain à travers le pays, de la Californie à Washington et de New York à la Floride. Contrairement à Hillary Clinton, à Donald Trump, à Bernie Sanders et aux autres candidats capitalistes, qui tous traitent les travailleurs comme des objets de la politique gouvernementale et non comme les créateurs de changement politique révolutionnaire, Alyson Kennedy, Osborne Hart et leurs partisans ont fait campagne aux côtés d’autres travailleurs. Ils l’ont fait dans des manifestations et des actions contre les flics meurtriers, sur des lignes de piquetage, dans d’autres actions ouvrières et, par-dessus tout, jour après jour, région par région, sur des parquets et aux portes dans les quartiers ouvriers à travers les États-Unis et Porto Rico.

Faire campagne de manière non discriminatoire dans la classe ouvrière n’est pas quelque chose que les travailleurs socialistes font surtout quand il y a élections. C’est ce que nous faisons toute l’année. Nous abordons avec d’autres travailleurs un cours de lutte révolutionnaire et nous nous joignons à eux dans les manifestations, les grèves, les réunions politiques et d’autres activités, petites et grandes. Nous soulignons l’impasse autodestructrice de la politique réactionnaire du ressentiment. Nous discutons comment notre classe peut suivre un cours d’action politique basée sur nos intérêts de classe et non sur ceux de nos employeurs capitalistes, leur gouvernement et leurs partis, et pourquoi nous avons besoin de notre propre parti politique pour le faire. À tous, nous disons : notre parti est votre parti. Si vous êtes d’accord, joignez-vous à nous pour lutter pour cet avenir.

Une chose est surprenante par son ampleur et sa profondeur : depuis les coups portés par la contraction de 2008-2009, les travailleurs se montrent de plus en plus ouverts à parler et débattre entre eux sur les questions sociales et politiques les plus larges auxquelles sont confrontés notre classe, nos syndicats et nos alliés. Les travailleurs partout dans le monde cherchent à comprendre le déclin implacable et destructeur du capitalisme et, ce qui est encore plus important, comment tracer une voie en avant pour en combattre les conséquences.

C’est pourquoi des livres tels que L’héritage anti-ouvrier des Clinton sont importants. En le lisant, vous serez frappés à maintes reprises par le fait que les trois articles qu’il contient ont été publiés dans des versions antérieures il y a plus de huit ans dans le numéro 9 du magazine Nouvelle Internationale. Un article est basé sur un discours présenté par Jack Barnes il y a plus de quinze ans. Mais les mots se lisent comme s’ils étaient prononcés aujourd’hui !

Les photos, illustrations, graphiques et autres nouvelles informations qui ont été incorporées mettent à jour des tendances déjà évidentes depuis les années 1990.

Le livre est l’un des trois titres publiés cette année par les éditions Pathfinder pour aider les travailleurs à répondre aux questions politiques de grande envergure auxquelles nous et les autres membres de la classe ouvrière ont besoin de réponses pour lutter plus efficacement et gagner. Il se trouve aux côtés de Sont-ils riches parce qu’ils sont intelligents ? Classe, privilège et l’apprentissage sous le capitalisme, aussi par Jack Barnes, et Une révolution socialiste est-elle possible aux États-Unis ? Un débat nécessaire dans la classe ouvrière par Mary-Alice Waters. Ils s’ajoutent politiquement à un autre titre de Jack Barnes, Malcolm X, la libération des Noirs et la voie vers le pouvoir ouvrier, publié en 2009 au plus fort de l’étouffante crise financière.

En plus des traductions en espagnol et en français qui les rendent disponibles partout dans le monde, ces livres sont en ce moment traduits en Iran en langue farsi. Ils seront largement distribués dans les librairies et les bibliothèques de ce pays, et bien au-delà de ses frontières. Leur diffusion large montre que la portée et l’explosivité de la crise capitaliste ainsi que la réponse des travailleurs à ses conséquences sont réellement mondiales.


Quand la première organisation communiste moderne a été fondée en 1847, les travailleurs allemands, britanniques et étrangers qui l’ont initiée ont recruté deux jeunes révolutionnaires nommés Karl Marx et Frederick Engels et leur ont demandé d’aider à rédiger un programme de base (aujourd’hui connu sous le nom de Manifeste communiste), ainsi qu’un ensemble de règles organisationnelles qu’ils considéraient essentielles pour la réussite d’une lutte visant à réaliser ce programme. Parmi les conditions d’adhésion, la deuxième était de faire preuve « d’énergie révolutionnaire et de zèle dans la propagande. »

Le but du livre L’héritage anti-ouvrier des Clinton et des deux titres qui l’accompagnent est de fournir de nouveaux outils politiques aux travailleurs qui, au milieu des crises croissantes d’aujourd’hui et des ouvertures pour construire un parti ouvrier, liront ces livres, les partageront de porte en porte dans les quartiers ouvriers et les utiliseront dans la lutte, avec exactement ce genre d’énergie et de zèle.

Le 23 octobre 2016

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