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Année 80, no 30      le 15 août 2016

 

« Campagne électorale de 2016 aux États-Unis : trois partis et deux classes »

Une réunion publique du Parti socialiste des travailleurs ouvre une nouvelle étape de sa campagne


SETH GALINSKY
NEW YORK – « Il y a trois partis dans les élections de 2016 : les deux partis impérialistes, les démocrates et les républicains, et un parti – le Parti socialiste des travailleurs (SWP) – qui représente les intérêts de la classe ouvrière, » a dit Norton Sandler lors d’une réunion publique et d’une rencontre sociale tenues ici le 30 juillet et visant à donner le coup d’envoi des 100 prochains jours de la campagne du SWP.

Alyson Kennedy, la candidate du SWP à l’élection présidentielle ; Jacob Perasso, en congé de son emploi de la compagnie de chemin de fer CSX pour se présenter comme candidat au Sénat US dans l’État de New York ; et Laurent Sylvestre de la Ligue communiste au Canada y ont pris la parole.

Plus de 35 millions de personnes ont suivi les conventions des Partis démocrate et républicain ainsi que les discours de Donald Trump et Hillary Clinton, a constaté Sandler, l’organisateur du Parti socialiste des travailleurs à New York, au début de la soirée. Ce qu’ils ont vu était « un spectacle d’hypocrisie et de fausseté » qui a cherché à masquer les réalités des conflits de classe aux États-Unis.

« Les riches de la classe possédante prennent les véritables décisions aux États-Unis, a-t-il dit. C’est une dictature du capital. »

« Le Parti socialiste des travailleurs présente un cours de classe opposé. Nous indiquons une voie en avant pour que les travailleurs et les agriculteurs arrachent le pouvoir des mains de la classe dirigeante. C’est la seule façon de mettre fin à cette crise historique et insoluble du capitalisme mondial, qui est en train de dévaster les conditions de vie et de travail des travailleurs ici et à travers le monde. »

Parler avec les travailleurs à travers les États-Unis
« Nous allons mener campagne de façon agressive en parlant avec des milliers de travailleurs sur leurs pas de porte, » a dit Sandler. Près d’une trentaine de personnes avaient passé la journée à faire campagne pour le SWP à Hicksville, dans le Queens et à Brooklyn dans l’État de New York, ainsi qu’à Belleville dans le New Jersey.

La réunion faisait suite à des semaines de campagne au Vermont, en Utah et au Tennessee. Les partisans du parti ont fait du porte-à-porte dans des quartiers ouvriers des villes où ils vivent et travaillent, en plus de participer aux efforts déployés ailleurs. Quelques jours après la réunion de New York, Alyson Kennedy s’est rendue en Virginie de l’Ouest pour parler avec des mineurs de charbon et d’autres travailleurs.

Dans l’État de Washington, en Utah, au Minnesota et surtout au Vermont, les partisans de la Ligue communiste au Canada se sont joints à la campagne du SWP.

Au Vermont et en Utah, plus de 400 travailleurs avec qui ils ont discuté ont acheté le nouveau livre du secrétaire national du SWP Jack Barnes, Are They Rich Because They’re Smart? Class, Privilege and Learning Under Capitalism [Sont-ils riches parce qu’ils sont intelligents ? Classe, privilège et apprentissage sous le capitalisme]. « C’est une très bonne introduction au Parti socialiste des travailleurs, » a dit Sandler.

Ce dernier a lu un message d’un dirigeant de longue date de la Ligue communiste. « L’expérience au Vermont était profonde, » a dit le message. Ce que nous avons expliqué « sortait du cadre électoral » et beaucoup de gens s’intéressaient à notre opinion que « c’est dans la lutte que les travailleurs prendront la confiance nécessaire pour rebâtir le société dans l’intérêt des travailleurs et des agriculteurs. Des travailleurs ont acheté Sont-ils riches parce qu’ils sont intelligents ? à partir de telles discussions. »

Parmi les 75 personnes qui ont assisté à la réunion de New York se trouvaient Shelia Reid, une combattante contre la brutalité policière, dont le fils Jerame a été tué par des flics au New Jersey en 2014 ; Camilo Matos, un dirigeant du Parti nationaliste portoricain à New York ; et Dalton Roberts, un jeune mécanicien qui avait rencontré la campagne du parti seulement quelques jours auparavant devant la convention du Parti démocrate à Philadelphie et qui a décidé de se joindre à elle pour discuter de la campagne avec des travailleurs.

Les deux partis de la guerre
Le parti démocrate s’est lui-même présenté comme un parti de guerre lors de sa convention, a dit Alyson Kennedy. L’ancien directeur de la CIA et secrétaire à la Défense, Leon Panetta, a appelé à l’élection d’Hillary Clinton pour envoyer le message: « Quiconque s’attaque à l’Amérique va le payer cher. »

Quelques partisans de Bernie Sanders ont interrompu Panetta en scandant « Assez de guerre ! » Ils ont été noyés sous les cris de « USA, USA ! » des autres délégués, dont beaucoup agitaient des pancartes « USA » imprimées par les organisateurs de l’événement chauvin.

Peu avant le discours d’acceptation à la nomination d’Hillary Clinton, le général à la retraite des Marines John Allen, qui a dans le passé dirigé les opérations militaires US en Afghanistan, est monté sur scène pour la soutenir avec plusieurs dizaines d’officiers à la retraite et de vétérans de guerre.

« Ne laissez personne dire que notre pays est faible, » a dit Clinton dans son discours.

Trump, Clinton et Sanders, a dit Kennedy, « veulent que les travailleurs pensent que nous sommes tous dans le même bateau. Trump dit : « Je vais rendre l’Amérique grande à nouveau. » Et Clinton dit : « L’Amérique est déjà grande. »

« Mais « l’Amérique » est divisée en classes, a dit Kennedy. Les travailleurs n’ont aucun intérêt commun avec les capitalistes. Il n’y a rien de « grand » dans leurs politiques et leurs guerres impérialistes, qui visent les travailleurs ici et à l’étranger. »

Aussi bien les démocrates que les républicains sont des partis de guerre, a dit Kennedy. Ils ont pour objectif de protéger les intérêts de la classe dirigeante US dans les guerres que Washington a menées sans arrêt depuis 15 ans et dans celles qui viendront inévitablement, engendrées par la crise capitaliste globale.

Dans son discours, Clinton a affirmé que « notre économie est tellement plus forte » qu’avant l’élection de Barak Obama. L’industrie automobile « vient juste de compléter sa meilleure année C’est un vrai progrès. »

« Dans quel monde vit-elle ? Et que veut-elle dire quand elle parle de « notre économie, » a demandé Kennedy, qui a adhéré au syndicat des Mineurs unis (UMW) en 1981 et fait partie des premières vagues de femmes à travailler sous terre dans les mines de charbon.

Le jour même du discours de Clinton, a dit Kennedy, le directeur financier de Ford, Robert Shanks, a dit à la presse que « la croissance est terminée. » Ford prévoit accélérer la « réduction des coûts » et réduire la production et les emplois. Et Fiat Chrysler a dit au syndicat des Travailleurs unis de l’automobile (UAW) qu’à moins que le syndicat ne fasse des concessions, la compagnie cessera la fabrication de berlines et de voitures compactes aux États-Unis.

Trump est écouté par beaucoup de travailleurs parce qu’il parle de la profonde crise économique, des fermetures d’usine, des cadences qui augmentent et des salaires qui stagnent. « Je suis votre porte-parole, » se vante t-il de manière arrogante devant les travailleurs.

Mais la démagogie de Trump, a dit Kennedy, qui fait des immigrants des boucs émissaires et accuse les musulmans de terrorisme, est un poison mortel pour la solidarité dont les travailleurs ont besoin pour reconstruire nos syndicats et projeter un cours menant à la prise du pouvoir politique.

Trump et Clinton parlent de faire respecter l’ordre et la loi
Trump épouse la rhétorique de loi et d’ordre de l’ancien président Bill Clinton lorsque ce dernier a signé en 1994 la Loi sur le contrôle des crimes violents et sur l’application de la loi. Cette loi que soutient Hillary Clinton, a dit Alyson Kennedy, a institué le système de détermination des peines dit de « après trois infractions, c’est la prison à vie » et des peines de prison draconiennes pour des accusations liées à la drogue. Cette loi a aussi étendu l’application de la peine de mort et prévu le financement accru de 100 000 flics supplémentaires dans les rues.

Clinton et les démocrates prétendent s’opposer aux campagnes visant les immigrants et les musulmans. Mais ils soutiennent la politique de l’administration Obama qui expulse et emprisonne chaque année des milliers de travailleurs sans documents pour le simple « crime » de travailler. Le Parti socialiste des travailleurs dit : « Organisons-nous, syndiquons-nous et exigeons la fin des expulsions » afin d’unifier la classe ouvrière – peu importe notre origine nationale ou nos croyances religieuses.

Prétendant s’opposer à la diabolisation des musulmans par Donald Trump, la convention démocrate a mis en vedette Khizr Khan, un immigrant musulman originaire du Pakistan, dont le fils Humayun, capitaine dans l’armée US, est l’un des milliers de soldats morts comme chair à canon dans la guerre menée par Washington en Irak.

Les démocrates ont utilisé cyniquement la mort de Khan pour renforcer la marche de la classe dirigeante vers la guerre, a dit Jacob Perasso. « Le Parti socialiste des travailleurs appelle au retrait des troupes US du Moyen-Orient. Et nous défendons les musulmans et les mosquées contre les attaques ici même aux États-Unis. »

Perasso a aidé à organiser la campagne au Vermont en juillet. « Nous étions curieux de savoir si nous y trouverions une réponse différente des travailleurs, où Sanders est élu depuis 1981. Nous n’avons rien trouvé de différent. Les loyers à Burlington, où Sanders a été maire, montent en flèche. Beaucoup de travailleurs ne trouvent que des boulots à temps partiel tandis que d’autres, comme les travailleurs des carrières de pierre que nous avons rencontrés, sont contraint de travailler 60 heures par semaine. »

« Occupy Wall Street » en tenue électorale
« Ce qui a fini par s’appeler le mouvement de Sanders, a dit Perasso, n’a vraiment jamais été autre chose que le mouvement Occupy Wall Street [Occupons Wall Street] en tenue électorale. »

En soutenant que le problème vient du 1 pour cent qui s’oppose aux 99 pour cent, Occupy détourne l’attention de la lutte des classes aux États-Unis. « Il était évident à la convention que Sanders ne contrôle pas ce mouvement. Il a même été hué à plusieurs reprises. Les partisans d’« Occupy » veulent s’emparer du Parti démocrate – et ils font des progrès. »

Les revendications de Sanders et d’Occupy – taxer le 1 pour cent et faire campagne pour une réforme fiscale – n’ont rien à voir avec la construction d’un parti des travailleurs et d’un mouvement social de masse qui luttent pour syndiquer les non-syndiqués et s’opposer à l’impérialisme et à ses guerres.

Crise identique au Canada
Membre de la Ligue communiste au Canada, Laurent Sylvestre a passé plusieurs semaines à faire campagne au Vermont. Un autre jeune de Montréal l’a accompagné pendant quelques jours.

« Et de la même façon que le Parti socialiste des travailleurs, nous avons fait du porte à porte au Canada, a-t-il dit, en présentant notre parti, en parlant avec des travailleurs, en nous opposant à l’impérialisme et à ses guerres. »

Sylvestre a souligné : « Le premier ministre Justin Trudeau a dit « Nous sommes de retour » comme puissance impérialiste en envoyant des soldats en Irak et en vendant des armes à l’Arabie Saoudite, en même temps qu’il aide l’intervention du gouvernement US au Moyen-Orient.

« Les travailleurs au Canada font face à la même crise que les travailleurs aux États-Unis, a-t-il ajouté : bas salaires, prolifération des emplois à temps partiel, coupures dans les services sociaux, brutalité policière, cadences accélérées et accidents de travail.

« Nous attendons avec impatience de revenir faire campagne avec vous et nous vous invitons aussi au Canada à mener campagne avec nous, » a conclu Sylvestre.

La classe ouvrière est une classe internationale, a dit Kennedy, et le Parti socialiste des travailleurs est un parti ouvrier internationaliste. « Nous commençons avec le monde, a ajouté Perasso. Nous considérons la révolution cubaine comme un exemple montrant qu’il est possible de prendre le pouvoir des mains des riches qui dominent. »

Perasso et Kennedy vont se rendre à Porto Rico en septembre pour voir par eux-mêmes les conditions de vie dans cette colonie US. Ils s’exprimeront contre le statut colonial de Porto Rico et pour la libération d’Oscar López Rivera, emprisonné aux États-Unis depuis 35 ans pour sa participation à la lutte pour l’indépendance.

Kennedy fera aussi une tournée au Royaume-Uni et en France. Son colistier, Osborne Hart, se rendra en Australie et en Nouvelle-Zélande.

Après la convention du Parti démocrate, a noté Kennedy, Hillary Clinton a commencé une tournée en bus en Pennsylvanie et en Ohio. « Mais elle n’est pas allée en Virginie de l’Ouest, » où Clinton est détestée par les mineurs de charbon après avoir affirmé qu’elle allait fermer encore plus de mines et mettre plus de mineurs au chômage.

« Le Parti socialiste des travailleurs va aller en Virginie de l’Ouest, a dit Kennedy. Mais nous n’allons pas passer en bus devant les quartiers ouvriers. Nous allons marcher et frapper aux portes des travailleurs. »

« Où que nous allions, a-t-elle ajouté, nous discutons du besoin de construire un puissant mouvement des travailleurs pour réaliser un changement fondamental en prenant le pouvoir des mains de la classe capitaliste. Joignez-nous à nous ! »

De nombreux participants à l’évènement de New York étaient arrivés tôt pour un bon repas et sont restés après pour le dessert et poursuivre la discussion. Inspirés par le programme du Parti socialiste des travailleurs et par les ouvertures politiques qui se présentent à lui, ils ont contribué 10 000 $ US pour permettre au parti de poursuivre son travail.

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