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Année 79, no 37       le 19 octobre 2015

 
Répondre rapidement, résistance et politique,
telle est la voie pour le Parti socialiste des travailleurs

Les jeunes recherchent l’action et des discussions qui « élargissent leur esprit »
 
JOHN STUDER
À mesure que grandit la résistance des travailleurs aux effets de la dépression capitaliste à combustion lente, les opportunités sont croissantes pour le Parti socialiste des travailleurs (SWP) de se joindre aux autres travailleurs dans les luttes contre les attaques économiques, sociales et politiques menées par les patrons et leur gouvernement. Le SWP peut accroître l’influence de sa presse, de ses livres et de ses campagnes électorales et attirer des combattants vers le parti et son programme révolutionnaire ouvrier. Telle a été la conclusion centrale de la réunion du Comité national du parti qui s’est tenue du 19 au 22 septembre et de la réunion élargie du Comité politique qui s’est tenue le jour suivant avec la participation de dirigeants des ligues communistes de plusieurs pays.

Il n’y a pas de fin en vue à la crise mondiale du capital et les dirigeants possédants intensifient leurs attaques contre les classes laborieuses. Le pourcentage de travailleurs qui ont un emploi a atteint son plus bas niveau depuis des décennies ; partout il y a du travail à temps partiel et en intérim ; et les salaires stagnent, a affirmé Jack Barnes, le secrétaire national du SWP, dans son rapport politique.

Depuis des décennies, les dirigeants syndicaux refusent de syndiquer les travailleurs et d’utiliser le pouvoir des syndicats contre les attaques des patrons et du gouvernement et en appui à d’autres luttes sociales. Cela a conduit à des défaites et à la chute du nombre de syndiqués. La dépendance de la bureaucratie syndicale à l’égard des partis politiques de la classe des employeurs a empêché les travailleurs de développer une voie politique ouvrière indépendante pour aller de l’avant.

Les actions contre les patrons et la brutalité policière
Un vent nouveau souffle aujourd’hui. Les jeunes travailleurs dans la restauration rapide ou dans les entreprises sous-traitantes des aéroports, dans les soins à domicile, dans les grands magasins Walmart et dans d’autres emplois payés au salaire minimum font grève et manifestent pour exiger 15 $ de l’heure, des horaires de travail réguliers et un syndicat. Ils ont un impact et obligent les politiciens bourgeois des gouvernements municipaux et des États à travers le pays d’augmenter le salaire minimum. Ils encouragent d’autres à se tenir debout et lutter.

Deux tiers des ouvriers de l’automobile à Fiat Chrysler ont rejeté un accord proposé le 1er octobre qui aurait laissé en vigueur les divisions créées par les deux échelles de salaires qui y constituent un coup porté à l’unité des 36 000 travailleurs. Une écrasante majorité des travailleurs du chemin de fer Burlington Northern Santa Fe ont voté l’année passée contre une proposition avancée par les responsables de la division des transports du syndicat SMART, qui aurait permis aux patrons de réduire l’équipage des trains à une seule personne.

Les déraillements et les morts — depuis Lac Mégantic au Québec jusqu’à Amtrak à Philadelphie — sont le résultat de l’offensive des patrons du rail. Les gestionnaires cherchent à rejeter la responsabilité sur les dos des mêmes travailleurs qu’ils attaquent. Le parti, y compris par le biais de l’utilisation du Militant, peut contribuer à étendre le soutien pour la défense de Tom Harding et Richard Labrie, membres du syndicat des Métallos mis en examen dans un coup monté pour les 47 morts du déraillement au Canada.

Beaucoup de ces développements ont été décrits par Norton Sandler, le dirigeant du travail syndical du SWP, dans le rapport qu’il a présenté à la réunion sur le travail des militants du parti dans les syndicats et les luttes ouvrières.

En raison du refus des misleaders syndicaux de syndiquer de nouveaux secteurs, de nombreux combats de la classe ouvrière se trouvent de nouvelles formes, comme dans le cas des batailles de plus en plus nombreuses pour 15 $ de l’heure et un syndicat. Dans l’État du Nouveau-Mexique, les travailleurs immigrés des stations de lavage de voitures et d’autres emplois mal payés, qui y ont été ignorés ou rejetés par les responsables syndicaux, ont formé des associations ouvrières pour lutter contre la surexploitation, les salaires impayés et les abus. Ils ont remporté une série de victoires, y compris des jugements du Conseil national des relations de travail qui ont établi que leurs activités bénéficient de la protection de la loi.

Les jeunes, menés par des jeunes qui sont américains africains, dirigent des luttes contre les meurtres et la brutalité de la police. Ces batailles et mini-révoltes ont fait reculer la classe dirigeante. Elle prend des mesures pour contenir sa police. Des flics comme ceux qui ont tué Freddie Gray à Baltimore et Walter Scott à North Charleston en Caroline du Sud ont été licenciés, incarcérés et mis en examen à travers le pays.

L’indignation provoquée par le refus de grands jurys dans plusieurs villes de maintenir les accusations contre les flics, y compris dans le meurtre d’Eric Garner à Staten Island dans l’État de New-York, a contraint le gouverneur Andrew Cuomo à accorder des pouvoirs spéciaux au procureur général de l’État afin d’intervenir et de prendre en main les procès où des flics ont tué des personnes qui ne portaient aucune arme.

Certains dans le mouvement « Les vies des Noirs comptent » et beaucoup de radicaux des classes moyennes ferment leurs yeux devant ces développements ou prétendent qu’ils ne se produisent pas. Ils croient que dire la vérité affaiblira la lutte contre les abus de la police. Mais le fait de reconnaître le véritable impact qu’a le mouvement est nécessaire pour élargir son audience et combattre efficacement.

Cela a été démontré cet été par la révulsion et la digne réaction de la part des travailleurs et agriculteurs de toutes les couleurs de peau face à l’assassinat politique de neuf Américains africains dans l’église épiscopale méthodiste africaine Emanuel à Charleston en Caroline du Sud par un individu à l’esprit nazi du nom de Dylann Storm Roof. Cette réaction massive a obligé la classe dirigeante à enlever du Capitole de l’État le drapeau de la terreur contre le mouvement dirigé par les Noirs qui a mis fin au système de ségrégation Jim Crow et à retirer des étagères de magasins à travers le pays les objets reproduisant cet emblème haï.

Ces luttes sociales et les batailles syndicales qui se développent se renforcent les unes les autres, a conclu le Comité national. Elles offrent des opportunités croissantes aux travailleurs — Noirs et caucasiens, immigrés et ceux nés au pays, salariés et chômeurs — de se rassembler.

Le Washington Post a essayé de brosser une toute autre image des travailleurs caucasiens du Sud dans un article du 12 septembre intitulé « Un vide américain, » qui portait sur des jeunes en Caroline du Sud qui ont connu Dylann Storm Roof. Ce long papier de calomnies peignait ces jeunes et leurs familles comme de la racaille blanche, dont les vies consistent à faire des jeux vidéo violents, à fumer du tabac et de la marijuana en discontinu (avec en prime la photo d’un cendrier en gros plan), le nez constamment fourré dans les appareils électroniques, des gens qui ne lisent pas et qui ne s’intéressent à rien d’autre qu’à leur village de maisons mobiles.

Leur plus grand crime, semble suggérer le Post, est qu’ils offrent un point de chute à des amis ou à des connaissances qui en ont besoin, Noirs comme blancs, y compris Roof pour quelques jours. Pour avoir fait cela, Joey Meek, un de ceux qui sont cités dans l’article, a été arrêté par le FBI sous l’accusation fallacieuse qu’il aurait menti et ne leur aurait pas donné d’information au sujet de Roof.

« L’ordre mondial » capitaliste se désagrège
Ces développements se déroulent alors que « l’ordre mondial » capitaliste mis en place sous hégémonie US après la deuxième guerre mondiale se disloque. Des pays au Moyen-Orient qui ont été fabriqués de toute pièce par les puissances impérialistes se brisent sous l’effet des guerres et des conflits sociaux. La Chine pose un défi politique et militaire à la domination de Washington en Asie à mesure que sa force économique s’accroît. Les relations se tendent au sein de l’Union européenne et les puissances, de l’Allemagne jusqu’au Royaume uni, réduisent radicalement la taille de leurs forces armées.

En réponse, la classe dirigeante US a cherché un nouvel alignement d’alliances et de pactes commerciaux, essayant de consolider son pouvoir en déclin. Ces efforts comprennent de « nouveaux départs » avec Moscou et Téhéran, un accord avec ces régimes sur des efforts pour atteindre une certaine stabilité en Syrie et en Irak (et aussi en Ukraine et à l’« étranger proche » de la Russie en Europe de l’Est) et le Partenariat transpacifique récemment conclu, ainsi que des projets pour un accord commercial similaire avec les classes dirigeantes européennes.

Chacun de ces pas renferme des menaces de frictions et de conflits imprévisibles mais inévitables. Les premiers fruits des « nouveaux départs » ont été les décisions de Moscou et de Téhéran d’envoyer des bombardiers, des chars et des troupes en Syrie. La rapidité avec laquelle le gouvernement de Vladimir Poutine en Russie a agi pour renforcer le gouvernement meurtrier de Bachar al-Assad en Syrie — le bombardement des opposants au régime et la violation de l’espace aérien de la Turquie — montre que les marchés conçus par l’administration Obama ont des conséquences imprévues et dangereuses pour les travailleurs et agriculteurs là-bas et à travers le monde. Et ils provoquent des ripostes d’Israël, de la Turquie, de l’Arabie saoudite et d’autres régimes, qui peuvent entraîner de nouveaux conflits.

Le carnage qui se déroule en Syrie a comme conséquence le déplacement de plus de la moitié de sa population, avec des millions de personnes contraintes de vivre dans des camps et des villes en Turquie, au Liban et en Jordanie. Des milliers de personnes avec plus de moyens cherchent refuge en Europe. Partout où ils se retrouvent, ils font face à la police anti-émeute, aux clôtures de fil barbelé acéré et à l’abus des dirigeants capitalistes.

Depuis des décennies, les misleaders syndicaux ont refusé de se battre pour l’unité de la classe ouvrière ; de lutter contre la discrimination, les déportations, les tentatives de dépeindre les immigrants comme des criminels ; et d’organiser les travailleurs dans les syndicats quelles que soient leurs origines. Cette lutte est essentielle pour la classe ouvrière, afin d’intégrer des travailleurs immigrants ainsi que des travailleurs nés dans le pays à la lutte de classe qui se développe aux États-Unis et ailleurs.

La pénible crise économique, politique et morale du système capitaliste, l’affaiblissement de la domination impérialiste de Washington, des conflits qui s’étendent et la résistance de plus en plus importante des travailleurs déchirent le tissu des partis démocrate et républicain, ce qui engendre des campagnes électorales comme celles de Donald Trump et Bernie Sanders.

En même temps, le Parti socialiste des travailleurs trouve de plus en plus d’intérêt pour son programme ouvrier, depuis des revendications pour répondre aux besoins immédiats des travailleurs jusqu’au soutien à Cuba révolutionnaire et jusqu’à la nécessité de rompre avec les partis des patrons et de construire un parti ouvrier basé sur les syndicats. Ces questions et d’autres questions urgentes pour les travailleurs seront au centre de la campagne électorale du SWP pour la présidentielle de 2016.

La révolution cubaine plus forte
L’annonce par Washington le 17 décembre 2014 qu’il ouvrait la porte aux relations diplomatiques avec Cuba reflète l’attrait et l’endurance de la révolution socialiste réalisée par les travailleurs et les agriculteurs là-bas, a expliqué Mary-Alice Waters, membre du Comité national, dans un rapport sur le travail de construction du parti et la défense de la révolution cubaine. L’échec de sa tentative depuis 55 ans de renverser la révolution par la violence armée, par une mise en quarantaine diplomatique et un étranglement économique, a poussé Washington à changer de tactique pour atteindre cet objectif. La classe dirigeante US et son cours envers Cuba faisaient également face à un isolement croissant en Amérique latine.

La révolution cubaine est un exemple vivant de ce que les travailleurs et les agriculteurs peuvent accomplir quand ils se battent pour prendre le pouvoir politique, en se transformant eux-mêmes par la même occasion, et qu’ils agissent pour défendre les intérêts des travailleurs et des agriculteurs dans leur pays et dans le monde entier, comme l’ont fait les révolutionnaires cubains.

Cet attrait politique de la révolution cubaine aujourd’hui a été démontré, entre autres, dans la réponse de travailleurs et d’agriculteurs en France, en Afrique du Sud, au Venezuela et ailleurs aux visites des Cinq Cubains — cinq révolutionnaires emprisonnés pendant une décennie et demie aux États-Unis pour leurs actions en défense de la révolution cubaine.

Mary-Alice Waters venait de participer à une conférence au Vietnam sur des efforts pour développer le soutien en Asie et dans le Pacifique à la révolution cubaine et à la lutte contre l’embargo de Washington. Elle a présenté un plan de travail pour intensifier les efforts du parti pour réclamer la fin de l’embargo et le retour à Cuba de la base navale de Guantánamo, qui a été transformée par la classe dirigeante des États-Unis en camp de torture et en tache sur l’humanité. Mary-Alice Waters a discuté de l’importance d’accroître la diffusion des livres des éditions Pathfinder qui expliquent les gains obtenus dans la lutte révolutionnaire des travailleurs et agriculteurs à Cuba.

Elle a également signalé les nouvelles opportunités pour intensifier la lutte pour la libération d’Oscar López, qui a passé plus de 34 ans dans des prisons aux États-Unis à cause de son soutien inébranlable à l’indépendance de Porto Rico.

La réalisation des décisions de la réunion
À la réunion du Comité politique élargi, Jack Barnes a esquissé des mesures, basées sur les conclusions politiques du Comité national, pour permettre au Parti socialiste des travailleurs d’accroître son implication dans les luttes syndicales et sociales, de se joindre aux jeunes travailleurs qui font partie de l’avant-garde de ces combats et de gagner des jeunes au parti.

Les jeunes sont attirés à deux choses, a dit Jack Barnes : à l’action et à la discussion politique de haut niveau, à « l’élargissement de leurs cerveaux. »

Les membres du parti qui travaillent chez Walmart et ailleurs intensifieront leurs efforts pour faire avancer la lutte générale pour 15 $ de l’heure, des horaires réguliers et un syndicat. Ce mouvement explosif a déjà un impact et peut commencer à refaçonner et à faire progresser le mouvement syndical.

Contrairement à tous les autres groupes qui prétendent parler au nom des travailleurs, dont la plupart ont soit cessé de publier des journaux soit réduit la fréquence à laquelle ils les publient, le SWP fait campagne pour élargir la diffusion du Militant et des livres des éditions Pathfinder qui contiennent l’histoire et la continuité du parti et du mouvement révolutionnaire de la classe ouvrière. Les militants et les partisans du parti apportent ces armes pour les partager avec les travailleurs aux piquets de grève, aux protestations sociales et aux activités politiques dans les villes grandes et petites et dans les zones rurales.

Des livres comme Malcolm X, la libération des Noirs et la voie vers le pouvoir ouvrier ; Le visage changeant de la politique aux États-Unis ; La politique Teamster; La classe ouvrière et la transformation de l’éducation ; et les numéros de Nouvelle Internationale, une revue de politique et de théorie marxistes dont les dirigeants du parti assurent la rédaction, sont essentiels aux membres du parti et à ceux qui cherchent à comprendre comment la lutte de classe se déroule. La lecture et l’étude de ces livres permettent aux travailleurs de donner vie au programme du parti, élaboré dans la lutte à travers des décennies, afin de lutter pour des revendications dans l’intérêt des travailleurs basées sur les leçons des combats précédents.

C’est la participation accrue du parti dans les luttes des travailleurs aujourd’hui combinée à une diffusion de plus en plus large de la presse et des livres du parti qui aideront à développer un courant marxiste au sein du mouvement syndical et de le renforcer. La réalisation de ce cours aidera le parti à se renforcer.

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