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Année 78, no 43      le 1er décembre 2014

 

À la veille de la décision d’un grand jury,
des actions dénoncent le meurtre de
Michael Brown par un policier
 

JOHN HAWKINS
CHICAGO — Le grand jury du comté de Saint-Louis qui enquête sur la mort de Michael Brown, un jeune homme de 18 ans non armé abattu le 9 août par l’officier de police Darren Wilson de Ferguson, au Missouri, délibère depuis près de trois mois. Dans tout le pays, les opposants à la brutalité policière s’organisent pour préparer des manifestations et d’autres actions au cas où le jury déciderait de laisser le tueur de Michael Brown en liberté. Pendant ce temps, les autorités locales et celles de l’État se préparent en mobilisant les flics et la Garde nationale tandis que la plupart des médias capitalistes cherchent à discréditer les manifestants et à saper le très large soutien à leur message.

Anticipant la décision du grand jury, la presse capitaliste spécule et présente des faits non pertinents afin d’essayer de démontrer qu’il n’y a pas matière à accusations. Cela inclut un rapport toxicologique qui révèle des traces de marijuana dans le corps de Michael Brown, des allégations de la police selon lesquelles Brown s’est bagarré avec Wilson dans la voiture de patrouille avant le meurtre ou qu’il avançait vers Wilson quand le flic l’a abattu à distance.

Wilson a tiré au moins six fois sur Michael Brown dont deux fois dans la tête. Selon plusieurs témoins, Brown avait les mains en l’air, ce qui a donné naissance au slogan « Mains en l’air, ne tirez pas, » populaire parmi les manifestants à travers le monde.

Les manifestations continuent presque tous les jours à Ferguson exigeant que Wilson soit accusé et poursuivi en justice. À University City près de Ferguson, plusieurs dizaines de manifestants ont organisé un « die-in » le 16 novembre. Le lendemain à Clayton, où se réunit le grand jury, une centaine de personnes ont manifesté lors d’une action présentée comme « l’exposition des horreurs de l’injustice. »

Ces actions ont lieu alors que des manifestations contre la brutalité policière se produisent dans tout le pays.

Alors que les organisateurs des protestations comme la coalition « Ne tirez pas » mènent des sessions de formation pour préparer des manifestations pacifiques, les responsables de Jefferson City, au Missouri, jusqu’à Ferguson, augmentent le volume de ce qui est devenu au cours des dernières semaines, un roulement de tambour constant visant à accuser de violence les manifestations à venir.

État d’urgence décrété

Le gouverneur du Missouri, Jay Nixon, a déclaré l’état d’urgence le 17 novembre citant « la possibilité d’agitation étendue » et est prêt à envoyer la Garde nationale dans la région de Saint-Louis, en invoquant une loi autorisant l’utilisation de troupes « en cas de […] de danger réel ou pressenti d’une catastrophe publique. »

« La décision du gouverneur Nixon de déclarer l’état d’urgence sans preuve de violence ou de danger ne fait que contribuer à augmenter les tensions et à dénigrer les efforts pacifiques d’innombrables militants non violents, » a déclaré le président de la NAACP, Cornell William Brooks, dans un communiqué le même jour. « Nous, à la NAACP, allons travailler sans relâche pour assurer que les droits civils des manifestants soient respectés. […] Nous félicitons et nous nous unissons à ceux qui pratiquent la démocratie et se sont dressés depuis plus de 100 jours. »

L’état d’urgence « est utilisé pour susciter la peur et dissuader les gens de manifester pour Michael Brown, » a déclaré par téléphone Abrahama Keys, un employé de bureau de Saint-Louis qui a pris part à de nombreuses manifestations contre le meurtre.

Le FBI a émis un bulletin de renseignements aux services de police à travers le pays disant qu’il « estime que certains de ceux qui infiltrent et utilisent des manifestations publiques, par ailleurs légitimes, avec l’intention d’inciter et de participer à la violence pourraient être munis d’armes à feu ou d’armes blanches, ou être équipés de masques à gaz, d’équipements de combat ou de gilets pare-balles afin d’atténuer les mesures d’application de la loi. »

« Je n’ai pas confiance en ces gens pour faire ce qu’il faut faire, » a déclaré Markese Mull, un membre de The Mighty 13, un groupe exigeant la mise en accusation de Wilson. « Tout le monde a essayé de dire au gouverneur et au chef de police que les manifestations seront pacifiques. Les flics sont ceux qui m’inquiètent le plus. Ils se sont entraînés pour lancer leur violence. »

« Ils se préparent pour ce qui pourrait arriver de pire selon leur point de vue, » a déclaré lors d’un entretien téléphonique au Militant, Brian Hutton, un technicien de laboratoire qui vit à Ferguson. « Le vrai problème c’est qu’il s’agit d’un assassinat et ils veulent donner un passe-droit à Darren Wilson. »

Dan Fein a contribué à cet article.

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