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Volume 77, no 18      le 13 mai 2013

 
La victoire de la campagne socialiste
sur les divulgations obligatoires reflète
le parcours révolutionnaire du parti
 
JOHN STUDER 
Merci aux nombreux lecteurs du Militant, aux partisans des campagnes du Parti socialiste des travailleurs (SWP) et à d’autres défenseurs des droits politiques qui ont toujours documenté chaque incident de harcèlement, de menaces ou d’attaques contre les candidats du SWP ou leurs partisans au cours des dernières années, » a déclaré Steve Clark, président du Comité de campagne national du Parti socialiste des travailleurs, au Militant le 25 avril. « Ces rapports ont été la pierre angulaire de notre victoire. »

Plus tôt ce jour-là, la Commission électorale fédérale (FEC) avait décidé, par un vote de quatre contre un, de continuer à accepter que les candidats du SWP ne divulguent pas les noms de leurs donateurs jusqu’au 31 décembre 2016, soit après la prochaine élection présidentielle. Depuis 1974, le parti lutte pour obtenir le droit de ses partisans de faire des contributions financières à la campagne sans remettre leurs noms au gouvernement.

Dans des lettres à la FEC en novembre 2012 et avril 2013, les avocats du SWP, Michael Krinsky et Lindsey Frank, du cabinet Rabinowitz, Boudin, Standard, Krinsky et Lieberman, ont demandé l’extension. Ils ont exposé en détail « l’histoire de la persécution du SWP par le gouvernement, sa longue durée, son intensité exceptionnelle et son illégalité flagrante. » Ils ont soumis quelque 70 déclarations faites depuis 2009 qui décrivent des congédiements, la surveillance et l’ingérence policières, ainsi que des menaces et des agressions venant de la droite rapportés par des partisans des campagnes du SWP à travers les États-Unis.

En 1973, au milieu de la divulgation d’espionnage et de harcèlement de la part du gouvernement, dans le sillage de la lutte prolétarienne de masse pour les droits des Noirs et les mobilisations contre la guerre au Viêt-nam, le SWP a engagé une poursuite contre le FBI et d’autres agences policières pour exiger qu’une telle perturbation soit déclarée inconstitutionnelle. Treize ans plus tard, le parti a remporté une victoire devant un tribunal fédéral.

S’appuyant sur les preuves présentées dans cette poursuite, Michael Krinsky et Lindsey Frank ont décrit comment « le FBI a amassé plus de huit millions de documents » sur le parti, l’a ciblé pour une déstabilisation par le programme COINTELPRO du FBI, a mis sur écoute ses partisans et effectué au moins « 204 opérations de « sac noir, » c’est-à-dire des cambriolages » dans les bureaux du parti.

Depuis le 11 septembre 2001 en particulier, ont-ils expliqué, le FBI et d’autres agences policières aux niveaux fédéral, local et des États — au nom de la « Sécurité intérieure » contre « le terrorisme » — font appel « davantage à l’espionnage, aux informateurs infiltrés et à d’autres mesures qui visent des organisations et des individus impliqués dans des activités politiques protégées par la Constitution. »

Le SWP a présenté des preuves de dizaines de cas depuis 2009 de licenciements, surveillance, menaces et harcèlement, par des flics et des gens de droite, et de traitement discriminatoire :

— Lisa Potash, candidate du SWP à la mairie d’Atlanta en 2009, a perdu deux emplois lorsque ses patrons ont appris qu’elle était candidate.

— Frank Forrestal a été accosté par une personne alors qu’il faisait signer une pétition pour mettre le SWP sur le bulletin de vote à Omaha, au Nebraska. « Vous méritez de mourir, salaud de communiste, » lui a dit le voyou pendant qu’il téléphonait à un ami : « Viens tout de suite. Nous devons le tabasser. »

— Osborne Hart, candidat du SWP à la mairie de Philadelphie, et un de ses partisans, qui faisaient campagne à la porte de la raffinerie de pétrole Sunoco de cette ville, se sont faits menacer par deux flics qui leur ont dit : « Nous pouvons vous mettre sur la liste d’interdiction de vol, vous signaler à la Sécurité intérieure. »

— « Le président de la campagne doit quitter la ville tout de suite ou on va lui tirer dessus à vue. » C’est la menace qu’a lancée quelqu’un qui a appelé le bureau du SWP à New York.

— En route vers Montréal pour prendre la parole à un événement de la campagne, Maura DeLuca, la candidate du SWP à la vice-présidence en 2012, a été arrêtée par les flics de l’immigration canadienne. Ils ont entré son nom dans l’ordinateur, dont ils ont sorti un dossier. Ils l’ont détenue pendant quelques heures et l’ont interrogée sur ses reportages en direct de Cuba, sur le fait qu’elle est membre du Comité national du SWP et sur les autres conférenciers à la réunion à laquelle elle allait assister.

La décision de la FEC « est une victoire non seulement pour le SWP mais pour le droit des travailleurs et de nos organisations de nous engager dans l’action politique sans aucune ingérence du gouvernement, des employeurs et de la droite, a déclaré Steve Clark. Cela comprend les travailleurs, les syndicalistes et d’autres personnes impliquées dans des luttes ouvrières et des protestations sociales dans l’intérêt de la classe ouvrière, qui organisent des campagnes électorales indépendantes contre les partis capitalistes démocrates, républicains et autres. »

« Au moment où nous défendons et reconstruisons nos syndicats pour mieux exercer la puissance de notre solidarité et de notre nombre, a dit le président de campagne du SWP, l’action politique ouvrière indépendante est une nécessité pressante face aux attaques croissantes des patrons, de leur gouvernement et de leurs partis politiques contre nos salaires, nos conditions de travail, nos droits politiques et même notre dignité en tant qu’êtres humains. »

« Les campagnes électorales du SWP donnent aux travailleurs et à nos syndicats un exemple de ce qu’il faut faire, » a dit Steve Clark.

« Unique » mais « non pertinent ?

Dans un avis concordant, Ellen Weintraub, la présidente de la FEC, une démocrate, était d’accord pour dire que l’exemption est toujours « justifiée ». Elle a souligné « l’histoire unique du SWP, » qui a lutté contre « du harcèlement et de l’intimidation généralisés, peut-être plus qu’aucun autre petit parti. » En même temps, elle a soutenu que le SWP a « une activité exceptionnellement limitée, » ce qui signifie que le gouvernement a peu d’intérêt dans ce qu’il fait ou dans ceux qui l’appuient.

Cette description méprisante de la part d’Ellen Weintraub s’est reflétée dans les reportages sur cette décision dans les médias bourgeois. La radio publique nationale a appelé le SWP « petit et sans importance ; » le Washington Post, « en grande partie non pertinent dans l’évolution de la politique moderne ; » et le Wall Street Journal, « faible ».

Mais la présidente de la FEC et la presse bourgeoise soulèvent la question : si le SWP est sans importance, pourquoi les espions du gouvernement, les policiers, les brutes de droite l’ont-ils ciblé depuis plus de 70 ans ? Pourquoi le SWP a-t-il réussi à gagner de manière répétée une exemption de la FEC ?

En fait la FEC a émis plus tôt cette année une opinion initiale qui, tout en accordant une prolongation, aurait créé les conditions pour la rejeter plus tard, en écrivant que la preuve du SWP depuis 2009 « démontre une probabilité raisonnable de harcèlement, qui répond aux exigences, mais à peine. » Après que le SWP et ses avocats ont répondu, y compris avec de nouvelles déclarations sous serment, la FEC a abandonné les mots « mais à peine. » Elle a aussi exempté le SWP pendant quatre ans, comme il le demandait, au lieu de trois comme elle l’avait mentionné dans sa première opinion.

Comment un SWP « sans importance » a-t-il pu la faire reculer ?

La continuité politique de 1917 et 1959

La réponse réside dans le fait que depuis près d’un siècle, le Parti socialiste des travailleurs et ses ancêtres politiques ont fait partie intégrante du mouvement politique international que les familles impérialistes U.S. craignent le plus :

— le mouvement des travailleurs et des paysans qui a renversé les grands propriétaires capitalistes en Russie en octobre 1917, sous la direction du Parti bolchevique de V. I. Lénine, et a établi le premier gouvernement de la classe ouvrière dans le monde ;

— des travailleurs et des paysans qui ont organisé le Mouvement du 26 juillet et l’Armée rebelle de Fidel Castro, qui ont renversé en 1959 une tyrannie qui avait l’appui de Washington et ont ouvert la révolution socialiste dans les Amériques ;

— des travailleurs et des agriculteurs combatifs aux États-Unis, qui se sont organisés pour suivre l’exemple de ce que les travailleurs ont accompli en 1917 et en 1959, en construisant le noyau d’un parti prolétarien capable de diriger la classe ouvrière et ses alliés vers la prise du pouvoir dans ce pays.

Le SWP trouve ses origines dans les militants ouvriers qui se sont organisés pour fonder le Parti communiste aux États-Unis à la suite de la révolution bolchevique. En 1928, les couches sociales privilégiées en Union soviétique, représentées par Joseph Staline, ont usurpé le pouvoir politique. Les communistes qui ont lutté pour poursuivre le cours révolutionnaire de Lénine, ont été expulsés et ont construit ce qui est devenu le Parti socialiste des travailleurs.

Sur cette voie vers la lutte pour le pouvoir ouvrier, le parti a lutté coude à coude avec d’autres combattants dans des luttes des travailleurs, des agriculteurs et des opprimés. Il a aidé à faire connaître la vérité sur ces luttes et sur les leçons de luttes ouvrières passées dans le monde entier, dans les pages du Militant, à l’aide de livres, brochures et des campagnes électorales ouvrières indépendantes du SWP.

Seulement dans les derniers mois, cela a pris la forme d’appuyer la lutte des travailleurs d’autobus scolaires à New York, qui se battaient pour leurs emplois ; celle des mineurs qui résistent à la tentative de Patriot Coal d’utiliser la faillite pour saborder les fonds de pension des retraités, miner les régimes de santé et écraser le Syndicat des mineurs unis ; et celle des cinq révolutionnaires cubains victimes d’un coup monté et emprisonnés par Washington depuis près de 15 ans pour avoir informé le gouvernement cubain des activités de groupes contre-révolutionnaires qui agissent en tout impunité à partir du territoire U.S. pour organiser des attentats à la bombe et autres attaques armées contre la révolution cubaine.

C’est ce qui rend le SWP « unique ». C’est ce qui explique pourquoi le SWP a été et continue d’être la cible d’espionnage, de perturbations et de menaces par le gouvernement, la police et d’autres ennemis de la classe ouvrière. Les classes dirigeantes haïssent l’exemple du cours prolétarien révolutionnaire consistant et ferme poursuivi par le SWP.

Malgré leur démagogie pour justifier leurs atteintes aux droits démocratiques et à l’espace politique, les dirigeants capitalistes ne craignent pas que les Jihadistes islamistes anti ouvriers, qui tuent et blessent des innocents par des actes terroristes, puissent un jour les détrôner et construire un califat sur le Potomac. Ce que les dirigeants craignent vraiment, ce sont les luttes sociales et politiques à venir par des millions de travailleurs et d’agriculteurs, et l’inévitable défi révolutionnaire à leur pouvoir de classe.

Dans le prochain numéro du Militant, nous verrons l’histoire de la construction d’un parti ouvrier révolutionnaire aux États-Unis de 1917 à aujourd’hui, la violence et les perturbations constantes par les familles de la classe dominante pour défendre leur dictature du capital.

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