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Volume 77, no 10      le 18 mars 2013

 
Des socialistes des États-Unis et du
Royaume-Uni discutent avec des
jeunes dans la province de Santiago,
à l’est de Cuba
Dans le berceau de la révolution cubaine, une visite
appréciée de communistes qui construisent des partis
de travailleurs révolutionnaires dans leurs propres pays
 
MARTÍN KOPPEL
ET TOM BAUMANN

SEGUNDO FRENTE, province de Santiago de Cuba, Cuba — C’est avec enthousiasme que les 120 élèves rassemblés dans une école secondaire de cette région montagneuse de l’est de Cuba ont accueilli l’arrivée de six invités des États-Unis et du Royaume-Uni.

La visite du 1er mars était une première pour l’école. Autant les élèves que les enseignants sont devenus de plus en plus intéressés à échanger des expériences lorsqu’ils ont appris que les visiteurs, qui sont impliqués dans l’édition, l’utilisation et la distribution de livres publiés par les éditions Pathfinder, sont des communistes qui construisent des partis ouvriers révolutionnaires dans leurs propres pays.

Plusieurs élèves ont interprété des chansons, des danses et des sketchs, après lesquels Elena Rivera, la directrice municipale de l’éducation, a souhaité la bienvenue aux invités. Une brève présentation de trois livres récemment publiés et de l’hebdomadaire socialiste le Militant ainsi qu’une explication de leur utilisation par des travailleurs qui font un travail politique communiste aux États-Unis et dans d’autres pays ont été suivies d’un échange animé de questions et de remarques.

Après de nouvelles interprétations de musique et de danse, des élèves et enseignants se sont massés autour de la table de livres pour acheter les livres présentés et d’autres titres Pathfinder.

La rencontre faisait partie d’une tournée de trois jours dans la province de Santiago organisée par la direction nationale de l’Union des jeunes communistes (UJC). La visite comprenait plusieurs événements dans la ville de Santiago de Cuba : un échange avec des étudiants de l’université de l’Oriente, une réunion avec la direction provinciale de l’UJC et une présentation de livres dans ce qui a été autrefois la maison familiale de Vilma Espín. Vilma Espín a été une dirigeante centrale du Mouvement révolutionnaire du 26 juillet et une combattante de l’armée Rebelle durant la guerre révolutionnaire dirigée par Fidel Castro qui a renversé la dictature pro-U.S. de Fulgencio Batista en janvier 1959. Sa maison a été pendant un temps le quartier général de la lutte clandestine à Santiago.

Les visiteurs sont aussi allés voir deux sites historiques : la maison familiale de Frank País, un dirigeant central du Mouvement du 26 juillet assassiné par des hommes de main de Batista en 1957, et le Musée de la lutte clandestine, qui retrace le travail du Mouvement du 26 juillet à Santiago.

Visite à un district montagneux

Le voyage à Segundo Frente, au nord de Santiago, dans les contreforts des montagnes de la Sierra Cristal, avait une signification particulière. C’est là que le deuxième front de l’est « Frank País, » un vaste territoire libéré sous le commandement de Raúl Castro, a établi son quartier général dans la ville de Mayarí Arriba en 1958.

L’histoire de l’établissement du deuxième front et de la révolution sociale qui s’est approfondie à travers la région à mesure que la guerre s’est accélérée est racontée par Vilma Espín et Asela de los Santos, deux combattantes qui ont aidé à la diriger, dans Women in Cuba : The Making of a Revolution Within the Revolution, un des livres présentés dans les réunions.

Le voyage dans la région comprenait une visite au mémorial en honneur des combattants de l’armée Rebelle et au Musée du deuxième front, à l’origine quelques cabanes en bois utilisées par Raúl Castro, Vilma Espín et les autres dirigeants rebelles lorsqu’ils n’étaient pas en déplacement quelque part dans la région.

La réunion dans le district de Segundo Frente a été organisée à l’Institut pré universitaire Rolando Matos Ferié. Des élèves âgés de 15 à18 ans sont venus de plusieurs écoles voisines. La plupart sont des enfants de travailleurs à Mayarí Arriba et dans les villes avoisinantes. Les grands-parents de beaucoup d’élèves étaient des paysans sans terres sous la dictature de Batista. Face à la menace constante de se faire expulser et aux représailles brutales des troupes et des voyous de la tyrannie, beaucoup de paysans ont aidé l’armée Rebelle.

« Avant la révolution, il y avaient peu d’écoles et beaucoup d’analphabétisme ici, » a fait remarquer Inés Maturell, la directrice adjointe de l’école. Le département d’Éducation de l’armée Rebelle, dirigé par Asela de los Santos, a ouvert quelque 400 écoles rurales à travers le deuxième front avec l’aide de familles paysannes. « Aujourd’hui, uniquement dans la municipalité de Segundo Frente nous avons 74 écoles et même une université, » a expliqué Inés Maturell. La population de Segundo Frente est d’environ 40 000 habitants.

Les élèves étaient tout yeux et tout oreilles lorsque Mary-Alice Waters, présidente des éditions Pathfinder et membre du Comité national du Parti socialiste des travailleurs, a donné un bref aperçu du travail politique mené par les communistes aux États-Unis et dans d’autres pays.

En faisant du porte-à-porte dans des quartiers ouvriers et en utilisant le Militant et les livres de Pathfinder, « nous participons à des discussions larges et variées qui ont lieu parmi les travailleurs et agriculteurs qui cherchent à comprendre la crise mondiale du capitalisme qui s’approfondit et comment eux et d’autres travailleurs peuvent réagir de façon efficace, » a affirmé Mary-Alice Waters.

Aujourd’hui, a-t-elle noté, les travailleurs aux États-Unis font face à des niveaux élevés de chômage de longue durée, des réductions brutales des salaires et la perte de leurs logements, de leur épargne et de l’accès aux soins médicaux.

« Et nous ne sommes qu’au début de la contraction capitaliste. Des décennies de convulsions politiques et sociales ainsi que des guerres interminables sont devant nous. »

Un nombre croissant de travailleurs, par conséquent, sont plus ouverts à connaître l’exemple de la révolution cubaine, a dit Mary-Alice Waters.

La lutte pour libérer les Cinq Cubains

Des travailleurs sont en train de découvrir la vérité sur le coup monté contre cinq révolutionnaires cubains et leur emprisonnement aux États-Unis. Ceux-ci surveillaient les plans violents de groupes contre-révolutionnaires qui depuis des décennies ont une histoire d’attaques meurtrières contre Cuba, agissant en toute impunité à partir du territoire U.S. À mesure qu’ils découvrent l’intégrité et la dignité de ces cinq combattants, les travailleurs s’intéressent à l’exemple politique qu’ils donnent et à la lutte pour obtenir leur liberté.

Après les remarques de Mary-Alice Waters, Róger Calero a présenté Cuba and Angola : Fighting for Africa’s Freedom and Our Own et Martín Koppel a parlé du livre The Cuban Five : Who They Are, Why They Were Framed, Why They Should Be Free. Róger Calero et Martín Koppel ont décrit comment des lecteurs du Militant qui passent de maison en maison, d’appartement en appartement, en s’adressant à d’autres travailleurs, ont vendu des centaines de ces livres et d’autres, ainsi que plusieurs milliers d’abonnements au journal.

Plusieurs élèves ont pris la parole pendant la discussion. Marlén Sánchez, une élève en dernière année du secondaire, a relevé l’importance pour eux de la lutte pour libérer les Cinq Héros comme on les appelle ici à Cuba. Beatriz Miniet, de la même année scolaire, a demandé : « Quelles sont vos expériences en portant la lutte pour libérer les cinq au peuple américain, surtout quand les médias bloquent la vérité ? » Elle a aussi demandé : « Quelles sont les possibilités pour les jeunes aux États-Unis d’obtenir une éducation ? »

Martín Koppel a répondu que la lutte des Cinq Cubains « trouve un écho parmi les travailleurs aux États-Unis. Beaucoup d’entre eux ont des expériences directes avec les policiers, les tribunaux et les prisons capitalistes. »

Róger Calero a expliqué la différence entre le système d’éducation aux États-Unis et celui de Cuba. Les écoles aux États-Unis renforcent les divisions de classe et les valeurs bourgeoises, a-t-il déclaré. La révolution socialiste à Cuba permet aux travailleurs et aux agriculteurs de continuer d’étendre leur accès à la culture et à l’éducation tout au long de leur vie.

Après quoi, les élèves ont entouré la table d’exposition, achetant des dizaines de livres, de brochures et d’exemplaires du Militant, tout en bombardant leurs invités d’autres questions. Parmi les visiteurs, en plus des auteurs des présentations, se trouvaient Tom Baumann des États-Unis ainsi que Jonathan Silberman et Olivia Pallister de la Ligue communiste au Royaume-Uni.

Presque tous les livres sont disparus avant la fin. Ce qu’il restait a été offert à la bibliothèque de l’école, à la satisfaction aussi bien des enseignants que des élèves.

Lors de la visite à Segundo Frente, la délégation a également rencontré et discuté avec deux dirigeants municipaux de l’UJC, la première secrétaire Yunia Machuca et Noriel Almenares. Yunia Machuca, âgée de 34 ans, était auparavant enseignante et Noriel Almenares, qui a 28 ans, avait passé cinq ans dans les Forces armées révolutionnaires de Cuba, où il était responsable de travail politique parmi les jeunes soldats.

Le cœur des efforts de l’UJC dans cette région productrice de café est le travail politique avec les jeunes travailleurs et agriculteurs, ont expliqué Yunia Machuca et Noriel Almenares. Après la destruction causée par l’ouragan Sandy, l’UJC à Segundo Frente a organisé une brigade de quelque 50 jeunes de la région pour se joindre aux agriculteurs afin d’aider à sauver des plants de café abîmés par la tempête.

Les dirigeants de l’UJC ont également décrit la façon dont ils travaillent avec les jeunes intéressés par l’agriculture en organisant des clubs dans les écoles primaires et secondaires, ainsi qu’en faisant participer des élèves dans l’entretien des jardins potagers qui alimentent leurs écoles.

Événement à l’Université d’Oriente

Le 27 février à l’université d’Oriente dans la ville de Santiago de Cuba, les socialistes ont pris part à un séminaire et à des activités annexes autour de l’étude de l’héritage révolutionnaire de José Martí, le héros national de Cuba. Organisé à la faculté des Sciences agricoles, l’événement, qui a duré une journée, a attiré des étudiants et des enseignants de toute l’université.

L’une des organisatrices, Esperanza Aguilera, professeure à l’université, avait visité le stand de Pathfinder à la Foire du livre de La Havane la semaine précédente. Lorsqu’elle a eu connaissance du voyage prévu à Santiago, elle a fait en sorte qu’une présentation de Pathfinder soit intégrée dans le programme de la journée.

Environ 80 personnes ont assisté à la présentation, qui a été suivie de 45 minutes de questions et de discussion.

Le recteur par intérim de l’université, Pedro Tejera Escull, a conclu la session. Il a exprimé sa reconnaissance pour le Militant et l’activité politique menée par le Parti socialiste des travailleurs dans la classe ouvrière aux États-Unis. Faisant remarquer que la bibliothèque de l’université dispose de plusieurs titres de Pathfinder, il a attiré l’attention sur Cuba et la révolution américaine à venir par le secrétaire national du SWP Jack Barnes et Ma Vie de Léon Trotsky.

Après lecture de Cuba et la révolution américaine à venir, a affirmé Pedro Tejera, il a été surpris de découvrir que le livre ne traitait pas d’une révolution qui n’avait jamais eu lieu, mais du présent et de l’avenir. Lorsqu’il avait rencontré des membres du Parti socialiste des travailleurs pendant une conférence internationale à Cuba il y a quelques années, a rappelé Pedro Tejera, il avait été frappé « qu’alors que d’autres parlaient de « mouvements sociaux » aujourd’hui, les membres du Parti socialiste des travailleurs étaient les seuls à parler de la classe ouvrière. »

Les questions et les discussions très poussées ont continué autour de la table de vente de livres devant la salle de réunion.

L’un des titres les plus recherchés a été l’édition de la revue Nueva Internacional avec l’article « Le long hiver chaud du capitalisme a commencé. »

« J’ai besoin de lire ça, a remarqué un étudiant. Je veux mieux comprendre la crise économique. Je suis les nouvelles concernant la crise en Espagne. »

Lors de la session de clôture du séminaire, des prix ont été remis aux gagnants d’un concours d’essais sur José Martí. Rosa María Reyes, doyenne de l’école des Sciences sociales, a remercié les invités des États-Unis et du Royaume-Uni pour leur participation. L’une des raisons pour lesquelles les Cubains ignorent souvent le fait que les problèmes économiques auxquels ils sont confrontés aujourd’hui sont fortement intensifiés par la crise capitaliste mondiale, a-t-elle dit, est « que nous sommes protégés par notre gouvernement. » À cause de notre révolution socialiste, a déclaré Rosa María Reyes, les travailleurs de Cuba ne sont pas confrontés à la menace du chômage ou la perte de leurs logements, contrairement aux pays capitalistes.

Lors de discussions avec la direction provinciale de l’UJC le 28 février, les membres du SWP et de la LC ont entendu le premier secrétaire Jorge Suárez expliquer le travail de l’UJC pour augmenter la production agricole et industrielle à Cuba.

Réponse à l’ouragan Sandy

Ceci est devenu encore plus important à Santiago, où l’ouragan Sandy a fait des ravages en octobre dernier. Jorge Suárez et d’autres dirigeants de l’UJC ont décrit comment l’organisation a mobilisé des brigades de jeunes qui se sont joints à d’autres pour aider dans les travaux de gros nettoyage et de reconstruction.

En réponse au danger accru de transmission de dengue, l’UJC a également organisé en brigades des jeunes de Santiago et de toute l’île, qui sont passés de maison en maison pour travailler avec les résidents locaux afin d’éliminer les sites de reproduction des moustiques qui transmettent la maladie. Les jeunes qui souhaitent continuer à travailler sur de tels efforts de santé publique se voient offrir la possibilité de le faire.

Alors que l’activité quotidienne est largement revenue à la normale à Santiago, les efforts à plus long terme pour réparer et reconstruire les infrastructures et les logements endommagés sont toujours en cours.

On a demandé à Jorge Suárez de décrire la difficulté de gagner à la révolution les jeunes qui ne font pas d’études et qui ne travaillent pas. Il a noté que l’UJC, ainsi que la Fédération des femmes cubaines (FMC) et d’autres organisations de masse, vont de maison en maison pour travailler avec ces jeunes et les attirer vers des activités productives.

Les membres de l’UJC Marianela Castañeda et Rocío Nápoles ont décrit un effort similaire dirigé par l’UJC : les Brigades José Martí d’instructeurs d’art, dont elles sont présidente et vice-présidente. Les brigades vont dans les communautés locales pour donner des cours d’art et impliquer les jeunes dans la musique, le théâtre et d’autres activités culturelles.

Événement parrainé par la FMC

Un moment fort de la visite de Santiago a été une présentation, parrainée par la Fédération des femmes cubaines, de deux titres de Pathfinder qui sont liés : Women in Cuba: The Making of a Revolution Within the Revolution, de Vilma Espín, Asela de los Santos et Yolanda Ferrer, et la brochure qui l’accompagne, Women and Revolution: The Living Example of the Cuban Revolution, d’Asela de los Santos et de Mary-Alice Waters.

La présentation a eu lieu au domicile familial de Vilma Espín, maintenant un musée qui expose des photos et d’autres articles illustrant les chapitres de la révolution cubaine auxquels Vilma Espín a pris part.

Plus de 100 personnes y ont assisté, dont deux douzaines d’élèves, pour la plupart des jeunes femmes d’une école secondaire voisine. Une douzaine d’anciens combattants de la lutte clandestine à Santiago et de l’armée Rebelle, qui avaient travaillé avec Vilma Espín et Asela de los Santos, étaient également présents ainsi que des cadres de la FMC et des représentants d’autres organisations de masse.

Margiola Sánchez, directrice du mémorial Vilma Espín, a présidé la réunion, qui comprenait des remarques de Mary-Alice Waters et de Surina Acosta, secrétaire générale de la FMC dans la province de Santiago. Surina Acosta, qui a une formation de spécialiste d’animaux d’élevage et qui a travaillé pendant plusieurs années dans une coopérative d’élevage de bétail, est députée à l’Assemblée nationale de Cuba et vient de terminer un mandat de cinq ans en tant que l’une des 31 membres du Conseil d’État. L’événement a été largement rapporté dans la presse de Santiago et a fait l’objet d’un reportage dans le journal télévisé national.

Un rapport plus complet sur cet événement et sur la présentation similaire de livres qui a eu lieu une semaine auparavant au centre de formation de la FMC à La Havane paraîtra dans un prochain numéro du Militant.

 
 
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