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Volume 77, no 7      le 25 février 2013

 
Un rapport montre le profond impact de
la « grande récession » sur les travailleurs
 

BRIAN WILLIAMS
WASHINGTON, D.C. — Près d’un quart des travailleurs ont été licenciés à un moment donné au cours des quatre dernières années et près de huit sur 10 connaissent un membre de la famille ou un ami proche qui a perdu son emploi.

Telles sont les conclusions d’une enquête intitulée « Des vies et des avenirs diminués : Un portrait de l’Amérique à l’ère de la Grande Récession, » publiée en février par le Centre John J. Heldrich pour le développement de la main-d’œuvre à l’Université Rutgers.

L’enquête reflète mieux la réalité vécue par les travailleurs que les chiffres froids et déformés pondus en série par le Département du travail chaque mois. Elle brosse un tableau qui correspond à ce que rencontrent les partisans du Militant quand ils diffusent le journal en faisant du porte à porte dans des quartiers ouvriers à travers le pays.

« Je suis sans emploi depuis mai 2012, » a déclaré au Militant Juan Otero, 21 ans, dans son appartement situé dans le groupement de logements sociaux Frederick Douglass à Manhattan, New York. Il a été licencié d’un emploi dans un magasin de yogourt glacé. Otero est un peintre diplômé et membre du Syndicat international des peintres et métiers connexes. « Obtenir un emploi est difficile depuis pas mal de temps, a-t-il dit. Ces jours-ci, il faut se débrouiller comme on peut. »

Parmi ceux licenciés, près d’un quart ont dit qu’ils ont été incapables de trouver un nouvel emploi, indique le rapport. Les travailleurs âgés de 55 ans ou plus ont eu le plus de mal. Presque deux tiers d’entre eux ont dit qu’ils avaient cherché pendant plus d’un an avant de trouver un emploi ou qu’ils n’en ont toujours pas trouvé.

Et de plus en plus de travailleurs qui pensaient avoir pris leur retraite sont maintenant en quête d’un emploi à temps plein ou à temps partiel pour joindre les deux bouts.

« Je suis à la recherche d’un emploi à temps partiel depuis un an et je n’ai pas pu en trouver un, » a déclaré au Militant Pablo Alveril, 70 ans, dans l’un des immeubles Frederick Douglass. Il a travaillé plusieurs décennies comme ouvrier de centrale électrique et comme marin. « On devrait engager des gens à réparer les routes et le réseau électrique, a-t-il dit. Ca créerait beaucoup d’emplois. »

Selon le rapport, la majorité de ceux qui ont obtenu d’autres emplois après avoir été licenciés travaillent maintenant pour des salaires plus bas — le tiers ont vu leur salaire réduit de plus de 30 pour cent.

Nombreux sont ceux qui ont dû puiser dans leurs comptes d’épargne pour survivre. Le rapport souligne que la majorité sondée a moins d’argent dans ces comptes que lorsque la récession a débuté.

Les visites chez le médecin et les soins médicaux sont parmi les dépenses essentielles que les travailleurs ont dû réduire. Plus du tiers l’a fait à un moment donné pendant la récession. Parmi ceux qui ont été licenciés, le rapport indique que plus de la moitié se sont abstenus de soins médicaux dont ils avaient besoin.

« Et les soins médicaux sont chers et difficiles d’accès, » a dit Otero. « Si je suis malade, je préfère ne pas me rendre à l’hôpital. »

86 pour cent des sondés affirment que leur vie a changé avec la contraction économique et 35 pour cent disent que celle-ci a entraîné des « conséquences majeures ».

« Ca me met en colère de passer devant une maison inoccupée dans laquelle nous pourrions vivre plus confortablement, en sachant que ça ne marchera jamais car nous n’avons pas assez de revenus ou que nous ne sommes pas assez solvables, » a dit Sue Chalfant, 58 ans, une travailleuse de la santé à Des Moines en Iowa. Récemment sa fille, son gendre et sa petite-fille ont déménagé chez elle car ils ne pouvaient plus se permettre de garder leur maison après avoir perdu leurs revenus. Chalfant elle-même éprouvait de la difficulté à payer son loyer lorsqu’elle vivait seule.

« La récession, aggravée par la lente reprise a transformé la sécurité financière et d’emploi des travailleurs américains et modifié leurs attentes à propos de l’économie américaine, » conclut le rapport. « Six Américains sur dix croient qu’ils ne se remettront pas des effets de la récession, une évaluation qui donne à réfléchir sur la remontée de l’économie américaine. »

Maggie Trowe à Des Moines a contribué à cet article.  
 
 
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