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Volume 76, no 45      le 10 décembre 2012

 
Les travailleurs du Bengladesh
se battent pour des conditions
de travail plus sécuritaires
La course aux profits des patrons tue 112 travailleurs
quand un incendie éclate dans une usine de confection
 

SETH GALINSKY
Des milliers de travailleurs de vêtement ont protesté dans la banlieue de Dhaka au Bangladesh, le 26 novembre, en réponse à la mort de 112 travailleurs dans l’incendie d’une usine deux jours plus tôt. Les manifestants, qui ont fermé de nombreuses usines dans la région industrielle Ashulia au nord de la ville exigeaient des conditions de travail plus sécuritaires, l’arrestation des propriétaires de l’usine et l’indemnisation des familles des victimes.

Le feu dans l’usine de Fashions Tazreen a également blessé des dizaines de travailleurs.

Lorsque l’incendie a éclaté, les superviseurs ont d’abord dit aux travailleurs qui tentaient de quitter le bâtiment de ne pas s’inquiéter et de retourner au travail, a rapporté le Daily Star de Dacca. Selon le journal, des fenêtres avaient été verrouillées et il n’y avait que trois escaliers pour les 1700 travailleurs dans le bâtiment. Tous les trois menaient à la même sortie et deux de ces escaliers étaient verrouillés.

Les pompiers qui tentaient de se rendre à l’incendie ont été ralentis parce qu’il était difficile d’atteindre le site par l’étroite route menant à l’usine et il n’y avait aucune source d’eau à proximité, a indiqué le journal.

Tazreen est une filiale du groupe Tuba, qui exporte des vêtements entre autres aux chaînes Wal-Mart, Carrefour et Ikea. Walmart prétend que le fournisseur a sous-traité du travail « en violation directe de nos politiques. » Dans une déclaration émise le 26 novembre Walmart a annoncé qu’ils « ont mis fin à leurs relations avec ce fournisseur. »

Le Bangladesh est rapidement en train de devenir un centre de la production mondiale de vêtements. Son industrie du vêtement occupe le deuxième rang après la Chine, emploie 3,6 millions de travailleurs, principalement des femmes, et représente 80 pour cent des exportations du pays. Depuis 2006, plus de 500 travailleurs du pays ont trouvé la mort dans des incendies d’usine.

« Ce sont les travailleurs du vêtement les moins bien payés du monde, avec un salaire minimum de 37 $ par mois. Le paiement des heures supplémentaires commence seulement après 208 heures de travail dans un mois, » a déclaré Kalpona Akhter, un dirigeant du Centre pour la solidarité des travailleurs du Bangladesh, dans une interview téléphonique le 27 novembre à partir de Dhaka.

Kalpona Akhter a visité l’usine Tazreen après l’incendie. « Un grand nombre des sorties de secours étaient verrouillées, a-t-elle dit. Il y avait de l’étoffe et du fil dans les sorties. C’est une des raisons qui expliquent le nombre élevé de morts. »

« Il n’y avait pas de syndicat dans l’usine, a noté Kalpona Akhter. Sur plus de 4 000 usines seulement 20 à 25 ont des syndicats. Un syndicat négocierait avec la direction pour exiger des exercices d’incendie et des sorties d’urgence adéquates. »

« L’organisation syndicale au Bangladesh pose un défi, a-t-elle dit, parce que chaque fois que les travailleurs s’organisent, ils sont harcelés par la police, la sécurité et les hommes de main des entreprises et peuvent même se faire tuer comme mon collègue. »

Kalpona Akhter faisait allusion à Aminul Islam, un leader syndical qui a été torturé et tué en avril. Alors que la police dit qu’elle fait toujours enquête, personne n’a été accusé de son assassinat.

En juillet 2011, Kalpona Akhter et d’autres dirigeants du centre de solidarité ont été victimes d’un coup monté et inculpés de fausses accusations d’intimidation criminelle, violence contre des fonctionnaires, méfait causant des dommages et attroupement illégal en rapport avec une manifestation en juin 2010 pour protester contre une usine de confection exploitée par le Groupe Nassa.

« Le cas vise à rendre difficile un soutien aux efforts d’organiser les travailleurs du vêtement, a dit Kalpona Akhter. Ils nous font comparaître devant le tribunal de sept à dix jours chaque mois. Et nous ne savons pas du tout combien de temps cela durera ou quand l’affaire ira en justice. »

« Aucun syndicat n’a organisé la protestation d’hier, a noté Kalpona Akhter. C’était juste les travailleurs eux-mêmes. Ils ont le dos au mur, ils ont donc commencé à se mettre en marche. »  
 
 
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