The Militant (logo)  

Volume 76/No 20      le 21 mai 2012

 
Les élections en Grèce et en France
reflètent la profondeur de la crise
 
LOUIS MARTIN  
La profondeur de la crise économique et sociale en Europe — enracinée dans la contraction capitaliste mondiale de la production et du commerce — a marqué les élections du 6 mai en France et en Grèce. Un plus grand nombre de travailleurs et de couches des classes moyennes qui voient leur niveau de vie se désintégrer, sont attirés par ce qu’ils perçoivent comme les courants les plus radicaux qui existent à la gauche et à la droite de la politique bourgeoise.

L’Union européenne, une alliance commerciale et monétaire initiée et dominée par l’impérialisme allemand, est en train de se déchirer, menaçant de mettre en mouvement une dynamique incontrôlable.

Berlin a conduit les politiques d’austérité dans tout le continent pour tenter de reporter la faillite des pays les plus lourdement endettés. A la fois en France et en Grèce, les politiciens et partis les plus étroitement associés aux mesures d’austérité ont été rejetés. Ces mesures anti-ouvrières ont dévasté la vie des travailleurs à travers l’Europe, particulièrement en Grèce, en Irlande, au Portugal et en Espagne.

En France, le dirigeant du Parti socialiste François Hollande a été élu par une courte majorité contre le président sortant Nicolas Sarkozy, principal allié européen de la politique d’austérité d’Angela Merkel.

En Grèce, les deux partis qui s’étaient fait les champions du pacte d’austérité de l’Union européenne imposée à la Grèce, Nouvelle démocratie et le Parti socialiste (PASOK) ont subi une défaite cinglante.

En France comme en Grèce, les élections ont été marquées par une polarisation politique aigüe.

En Grèce, la Coalition de la gauche radicale (Syriza)— une coalition de groupements de gauche incluant la Nouvelle gauche communiste écologique, les Écosocialistes de Grèce et la Coalition de la gauche des mouvements et de l’écologie— est arrivée seconde avec 16,8 pourcent des votes. Aube dorée, un parti fasciste, atteint 7 pourcent, obtenant 21 candidats élus.

Aube dorée base son attractivité sur le mécontentement vis-à-vis des « usuriers mondiaux » et leur contrôle sur la Grèce, sur la peur de la criminalité en hausse, en faisant des immigrés des boucs émissaires et en se posant en partisan de la manière forte.

Au premier tour des élections françaises, le 22 avril, le Front national d’extrême droite de Marine Le Pen a obtenu 18 pourcent des votes et le Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon, une coalition de plusieurs organisations de gauche, a récolté 11,1 pourcent des votes.

Les programmes des partis de la « gauche radicale » combinent le ressentiment anti-allemand avec des appels pour des sacrifices plus équitables et une intervention gouvernementale accrue dans l’économie capitaliste.

A l’instant où cet article est écrit, aucun parti en Grèce ne semble capable de rassembler une coalition gouvernementale, soulevant ainsi la perspective de nouvelles élections en juin. Cela rapproche la Grèce d’un défaut de paiement gouvernemental de sa dette, ce qui mettrait fin à ses relations commerciales et financières en tant que membre de la zone euro, comprenant 17 pays qui ont adopté la monnaie européenne. Cela aurait des effets en cascade sur la finance capitaliste en Europe, aux États-Unis et dans le monde.

Effrayés par la perspective d’un approfondissement de la lutte des classes, François Hollande a fait un certain nombre de promesses sur ce qu’il a appelé la « croissance ». Il propose une augmentation de quelques dépenses gouvernementales, une réduction des taxes sur les plus petites entreprises et la création d’un fond d’épargne public pour financer les entreprises.

Bien qu’elle affirme envisager de « coopérer bien et intensément » avec François Hollande, Angela Merkel s’est engagée « à rester ferme sur l’austérité, » rapportait le Financial Times du 8 mai.

« Appelez ça une dépression »

Dans un article intitulé « Appelez ça une dépression, » le numéro du magazine britannique The Economist daté du 2 mai dressait un portrait abrupt de la situation économique en Europe. « Dans toute la zone euro, » est-il écrit, « le taux de chômage a atteint un nouveau record en mars : 10,9%, un pourcent de plus que l’année dernière. »

Selon le Financial Times, il s’agit du onzième mois consécutif de hausse du chômage en Europe, avec un total de 17,4 millions de travailleurs sans emploi.

Le chômage, ajoute The Economist, est « élevé et de plus en plus haut au sud. Les taux de chômage des jeunes sont impressionnants — plus de 50% en Grèce et en Espagne, 36% au Portugal et en Italie, s’accroissant rapidement dans ces quatre pays. »

Mais le pire est à venir, selon le magazine. « L’activité manufacturière ralentit fortement au sein de la zone euro et le centre n’est plus exempté, » avec une production qui se contracte en France et en Allemagne en avril. « Les carnets de commandes ont diminué au rythme le plus élevé depuis décembre » et les diminutions d’emploi dans l’industrie ont maintenant un impact sur les deux pays.

Les prêts massifs aux banques accordés par la Banque centrale européenne, note le magazine, « ne semblent pas avoir empêché un fort recul des prêts pour le secteur privé. » C’est la preuve que les efforts pour stimuler et soutenir le système financier des capitalistes sont de moins en moins efficaces.  
 
 
Front page (for this issue) | Home | Text-version home