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Volume 76/No 13      le 2 avril 2012

 
Fukushima, un an après: panique
nucléaire contre véritable désastre
 
LOUIS MARTIN 
C’est le premier anniversaire ce mois-ci du prétendu désastre nucléaire à Fukushima au Japon, qui a déclenché une clameur publique internationale des adversaires de l’énergie nucléaire qui elle a éclipsé le véritable désastre social colossal provoqué par le capitalisme.

Quelque 20 000 personnes ont été tuées et des dizaines de milliers d’autres blessées dans le sillage d’un tsunami massif déclenché par un tremblement de terre de magnitude 9. Ce chiffre est renversant, c’est plus de 12 fois le nombre de personnes qui sont mortes pendant le désastre — dont le capitalisme est responsable — qui a suivi l’ouragan Katrina. Des villes et villages côtiers entiers ont été rayés de la carte ou sévèrement endommagés.

Le séisme a découplé la centrale nucléaire Fukushima Daiichi du réseau électrique, provoquant l’arrêt du système de refroidissement des barres de combustible. Ensuite le tsunami a détruit le groupe électrogène de secours de la centrale, ce qui a conduit à la surchauffe de trois des six réacteurs et au rejet de radioactivité dans l’atmosphère et l’océan.

La quasi fusion du coeur de ces réacteurs permet de voir comment la société Tokyo Electric Power Company, avec l’assentiment de quatre gouvernements successifs, avait refusé dans sa course aux profits de prendre les précautions les plus élémentaires.

Les faits les plus importants sont bien connus aujourd’hui. L’usine utilisait une enveloppe de confinement bon marché pour les barres de combustible, sujette à se fissurer en cas de panne du système de refroidissement. Les patrons de Tepco n’ont jamais suffisamment élevé l’emplacement du groupe électrogène de secours malgré le potentiel important de tsunamis dans la région. Les responsables de la société ont délibérément retardé une intervention pour refroidir les réacteurs afin de protéger leur investissement. Il est certain qui si ces réacteurs n’avait pas fonctionné selon les intérêts du profit privé, tout l’incident aurait été évité.

Mais nous voyons ce comportement tous les jours dans chaque région du monde où les relations capitalistes contrôlent la production. Il découle de la façon avec laquelle le système capitaliste a fonctionné et fonctionnera toujours : faire le maximum de profits tout en minant la source de toute richesse : la terre et le travailleur.

Malgré tout cela, le nombre de personnes qui seraient décédées suite à un rejet de radiations nucléaires de la centrale de Fukushima est zéro. Encore un chiffre

frappant, étant donné la combinaison de la négligence des patrons et du pouvoir destructif des séismes et des tsunamis. Les simples faits sur ce qu’on considère le deuxième plus grave désastre nucléaire dans l’histoire du monde apportent en fait un argument très fort contre l’affirmation que l’énergie nucléaire présente un danger inhérent particulier à l’humanité.

La prétendue opposition écologiste à l’énergie nucléaire — ou à d’autres formes d’énergie — est anti-scientifique et réactionnaire. Les diverses forces « vertes » et leurs remèdes miracles n’apportent pas la moindre solution pour maintenir la civilisation moderne, encore moins pour faire avancer le développement industriel. Elles s’opposent au développement des nations semi-coloniales opprimées par l’impérialisme et aux besoins de la grande majorité de l’humanité.

En revanche, le mouvement communiste défend l’expansion et le développement de l’électrification et de l’industrialisation à l’échelle mondiale, et ce qui vient avec elles : la croissance du prolétariat et de la culture. Cela est essentiel pour réduire l’écart entre le monde impérialiste et le monde semi-colonial et pour rapprocher les travailleurs du monde dans une lutte commune.

Une catastrophe dont le capitalisme est responsable

D’un autre côté, la mort de 20 000 personnes ne peut pas être attribuée à un désastre naturel inévitable.

Les relations sociales sous le capitalisme, pas la nature, ont signifié que des centaines de milliers de personnes — travailleurs, agriculteurs, pêcheurs et patrons de petites entreprises — allaient habiter les terres basses des régions côtières sujettes aux tsunamis. Les dirigeants capitalistes japonais, comme leurs homologues à travers le monde, n’ont aucun intérêt financier à fournir des logements et des transports sur des terrains à plus haute altitude mieux protégés — les lieux mêmes qu’eux-mêmes et les couches aisées de la classe moyenne et des professions libérales peuvent se permettre d’habiter.

Le Japon est assis sur des plaques tectoniques instables. Le gouvernement n’y avait pas mis en place un système d’alerte au tsunami suffisant, alors qu’un tremblement de terre et un tsunami massifs dans l’océan Indien ont tué plus de 225 000 personnes six ans auparavant — principalement en Indonésie, au Sri Lanka, en Inde et en Thaïlande.

Ce jour-là, l’Agence météorologique japonaise s’est trompée en prévoyant qu’une vague d’environ 3 mètres frapperait le Nord-Est du Japon.

Des murs de béton, d’une hauteur de 11 mètres à de nombreux endroits, bordent environ 40 pour cent du littoral japonais. Mais dans la région frappée par le tsunami les murs s’élèvent à environ 3 mètres. Les vagues se sont en fait élevées à 13 mètres en moyenne. Tout le système d’alerte et de protection avait été construit pour un scénario moins grave — et plus économique.

Bien qu’il semble que personne ne soit mort de la fuite nucléaire, des personnes sont bien décédées à cause de l’hystérie anti-nucléaire encouragée par le gouvernement. Selon de récents articles du New York Times sur les évènements, un

nombre inconnu de survivants au tsunami — des gens coincés dans les décombres, des malades, des personnes âgées et d’autres, incapables de partir sans aide — « sont probablement morts de faim » puisque le gouvernement a ordonné aux secouristes d’évacuer la région pendant des semaines « par peur des radiations. »

La dislocation continue. Un an après le désastre, des centaines de milliers de travailleurs vivent toujours dans des abris et n’ont pas d’emplois.

L’exemple de la révolution cubaine

Cette situation contraste nettement avec celle de Cuba où les travailleurs et les agriculteurs se sont débarrassés des relations sociales de propriété capitalistes au cours d’une puissante révolution et ont depuis utilisé leur gouvernement pour satisfaire les besoins humains et non pas les profits privés.

Ces dernières années, Cuba a été frappé par une série d’ouragans puissants qui ont fait des milliers de morts dans les Caraïbes et dans le Sud des États-Unis. Mais seulement 30 personnes sont mortes à Cuba au cours des dix dernières années dans 16 ouragans importants. La prévention et l’évacuation sont organisées comme une entreprise sociale, sur la base de la solidarité ouvrière à partir des quartiers et des villes jusqu’au niveau national.  
 
 
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